Magazine Beaux Arts
A La B.A.N.K., en ce moment, on peut voir les oeuvres d'un jeune artiste anglais qui expose pour la première fois en galerie.
Thomas Hicks fait avant tout des dessins d'animation. Parfois ce sont des clips destinés à accompagner de l'électro ou du rock anglais. Parfois les films précèdent la musique, comme dans le cas de celui qui est présenté actuellement à la galerie.
Quand on sait que Thomas Hicks a travaillé pour une société, à Londres, qui s'occupait de restaurer des films, et qu'il a passé des heures à regarder des morceaux de bandes endommagées, maculées et trouées, on comprend l'esthétique qu'il a choisie.
Son film, qui met en scène de petits personnages dans une ambiance de déshumanisation très années 1930, est rythmé par de faux effets super 8, des grésillements, de la neige, des taches.
Le tout distille de l'humour — un peu noir —, et un parfum désuet. Mais ce que j'apprécie surtout c'est que le reagard est entraîné par la matérialité du dessin.
L'exposition présente aussi les dessins préparatoires des films. Mais ils sont beaucoup moins intéressants que le film lui-même et surtout que les peintures sur papier, comme celles-ci.
Peintures aux couleurs sourdes où des personnages parfois réduits à des silhouettes fantomatiques flottent dans un espace strié de signes et de lignes de forces.
Il y a une certaine grâce obscure dans tout cela. On y sent la fin d'un monde — et en même temps l'ouverture à une autre manière de voir la réalité, au-delà des formes apparentes.