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C’est un nom qui se cherche. Et le cinéma lui tend les bras. Son court-métrage « La cible » a été salué à Clermont-Ferrand (Prix de la société des auteurs), puis « L’année suivante » décroche le Léopard de la première œuvre à Locarno.Une personnalité s’affirme que confirme ce second film, qui l’air de rien transforme un récit du quotidien, en histoire extraordinaire. Isabelle Czajka a l’œil et l’oreille. A l’écoute de la moindre respiration, d’un petit souffle du cœur, elle raconte la vie réelle, telle que la décrivent les statistiques et qui derrière sa caméra prend une dimension véritablement humaine.
Quand je vois Julie, aux prises avec ses premiers petits boulots, galérer pour récupérer les gosses de la patronne avec un bac + 5, alors qu’elle pensait faire de la communication, j’entends mes copains, mes voisins parler des premières expériences professionnelles de leur chérubin. J’entends aussi ma radio du matin. Et Czajka nous transmet les images, de manière spontanée, comme déambule l’héroïne dans ce monde qu’elle n’imaginait pas si grand, si hostile.
L’interprétation qu’en fait Anaïs Demoustier est à la juste mesure du regard de la cinéaste, qui pour affiner le portrait de cette jeunesse bringuebalée, lui renvoie son contraire. Un garçon, mais aussi un dilettante pas très net, qui se dit comédien (il joue le client lors d’un entretien d’embauche pour Julie) ; il vit à la petite semaine de petits larçins et autres combines pas très claires.
A l’image de sa mise en scène, Isabelle Czajka n’en fait pas des tonnes, mais souligne posément les travers d’une société engluée dans le paraître et la réussite sociale. Avec une justesse dans le regard qui porté à l’écran devient d’une évidence si fragile qu’on prend vite fait et cause pour ce road-movie amoureux. Où la liberté, même précaire, même illusoire, a le goût de la vraie vie.
Petit à petit cette jeune réalisatrice trouve ainsi sa juste place dans le cinéma français, en racontant la vie comme elle va, avec sincérité et simplicité. Le résultat est captivant.
Une fuite en avant , un échappatoire , mais pour quelle issue ?
Bonus
« Un bébé tout neuf » de Isabelle Czajka.
Réalisé en 2007, ce second court-métrage tient sur la forme cinématographique le même discours que « D’amour et d’eau fraîche ». Sur une situation qui pourrait apparaître extraordinaire (une dame va aux toilettes, confie son bébé à un monsieur et puis oublie tout son petit monde pour faire ses emplettes) la réalisatrice développe un discours sans fioriture où tout semble couler de source. On peut avoir du mal à saisir le réalisme des séquences, mais la pertinence du scénario et de la mise en scène est là encore une fois très convaincante.