L'histoire
Dans les années 1940, alors que le Japon occupe une partie de la Chine, la jeune étudiante Wong est chargée d'approcher et de séduire Mr Yee, un des chefs de la collaboration avec les Japonais, homme redoutable et méfiant que la Résistance veut supprimer. Très vite, la relation entre Wong et Mr Yee devient bien plus complexe que ne l'avait imaginé la jeune femme.
Mon avis
Deuxième Lion d'or à Venise en trois ans pour Ang Lee avec ce nouveau film. Sur un sujet et un style très différent le réalisateur taïwanais fait encore l'unanimité dans les festivals et chez les critiques. Mais Brokeback Mountain ne m'avait pas totalement convaincu, même chose ici. Tout comme le précédent il y a quelque chose qui manque, et ce quelque chose est primordial pour ce genre de film : c'est la passion et l'émotion. Certes il y en a, mais ça ne décolle jamais vraiment ou en tout cas trop tard. On en aurait aimé beaucoup plus pour que le film emporte totalement l'adhésion. Cela n'enlève en rien les qualités de mise en scène. Ang Lee nous propose une réalisation raffinée, stylée mais qui reste malgré tout très classique pour ne pas dire académique. Son savoir-faire est toujours là et cela se voit à l'écran. Il arrive tout de même à nous intéresser à l'histoire et à la destinée de sa jeune héroïne, le suspens est là et le dénouement arrive inexorablement fatal. La passion qui faisait cruellement défaut arrive aussi finalement dans la dernière demie-heure, un peu trop tard donc, où les scènes de sexe très explicites se multiplient (toutes censurées en Chine, et interdit au moins de 17 ans aux USA, 12 en France !). Malgré la longueur du film (2h36) on ne s'ennuie pas. La reconstitution historique est précise et minutieuse. Rien n'est laissé au hasard. Les images sont belles, tous comme les décors et les costumes, accompagnés de la très belle musique d'Alexandre Desplat. De ce côté là c'est gagné : le film est magnifique d'un point de vue esthétique. L'interprétation est à la hauteur. Tony Leung, acteur fétiche de Wong Kar-wai (In the mood for love, 2046), est parfait de froideur et de dureté mais aussi de fragilité et de sensualité. Une belle prestation. Même chose pour la jeune actrice Tang Wei dont c'est le premier film. Elle porte tout le film sur ces épaules et elle irradie. Quelque chose de Gong Li ou de Zhang Ziyi dont c'est quasi sûr, elle va suivre les traces. Un très beau couple de cinéma.
Malgré ces petits défauts et ses quelques lacunes, Lust, caution reste un très beau film. Une belle fresque où la guerre et la politique auront raison d'une belle histoire d'amour et de sexe. Pas un chef d'oeuvre mais pas loin. En tout cas un très bon et joli moment.
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