2011 à la bonne mine d’une totalité surmontée, ouverte à ce qui vient. Tel est le sens des années impaires que de nous tirer hors de nos bases, vers les dehors inconnus. Du bruit, peut-être. De la fureur, sans doute. Mais de l’air, du large, du nouveau !
Dehors, la découverte. Dehors, le renouveau. Dehors, le possible. Là où ça bouge. Assez parlé du moral des Français. Le Français n’aime pas avoir le moral, ça le démoralise. Mieux vaut penser que tout va au plus mal : ça évite la tentation de remédier aux situations présentes et donne un teint de fatalité collective à la résignation individuelle.
Non, tout ne va pas si mal. Regardez cette première décennie du siècle : que de changements radicaux ! Depuis un certain 11 septembre, l’idée selon laquelle l’Histoire avait pris fin avec le triomphe global du libéralisme occidental s’est effondrée avec les tours : donc on peut se remettre à agir au sein d’une Histoire toujours bien vivace, dans le respect retrouvé envers les diversités, fussent-elles minoritaires. Depuis une certaine crise financière qui a vu l’Etat voler au secours du secteur privé, l’idée selon laquelle deux mondes coexistaient dans une très pure détestation l’un de l’autre n’est plus tenable. Bref c’en est peut-être fini de penser à l’intérieur des cases prescrites. Un 6e continent s’est levé : celui des hommes en marche, solidaires mais libres et indépendants, faisant force de leurs pensées dissemblables pour fonder ensemble une nouvelle société planétaire. Pas sans heurts ni régressions, bien sûr ; mais l’élan est donné. Les archaïsmes n’y résisteront pas.
A qui sait deux ou trois choses de la vie le mot « crise » dit aussi « le moment opportun », « la chance ». A chaque effondrement des certitudes toujours trop lourdes, toujours trop vite acquises, le monde répond par son tourbillon d’avenirs et de possibles. Le vieux monde s’écroule ? Eh bien soit, qu’il s’écroule. Il est temps de passer à autre chose.
Quelle meilleure occasion pour apprendre à penser hors des cadres, « out of the box », dit-on outre-Atlantique. Hors de la boîte de nos limites, de nos contraintes, de nos conventions. Hors des bornes de nos horizons sempiternellement bouchés.
Au prix du risque, bien sûr. Au prix de l’imagination. Au prix aussi d’un certain volontarisme : car c’est le regard que nous portons sur notre avenir qui en dessine pour l’essentiel les grandes lignes.