LE GENDARME BOURSIER AMÉRICAIN RENIFLE…
Depuis peu, les transactions reliées à la propriété de certaines compagnies technologiques détenues de façon privée, c’est-à-dire dont les titres ne se transigent pas sur les bourses mondiales, attirent l’attention du gendarme américain des valeurs mobilières.
D’après le New York Times, la Securities and Exchange Commission souhaite comprendre la façon dont se transige les blocs d’actions des principaux réseaux sociaux. À cet effet, l’agence aurait fait parvenir des demandes d’informations aux participants impliqués dans l’achat et la vente de ces dits titres de participation.
Bien qu’aucun élément ne permette d’identifier clairement l’intéret de la S.E.C. dans ce dossier, il apparaît évident que l’augmentation des échanges financiers reliés à Facebook, Twitter, Zynga et LinkedIn depuis douze mois semble y être pour quelque chose. Des courtiers américains tentent même de former des groupes d’investisseurs pour s’arracher, sur le marché secondaire, les actions de ces firmes technologiques.
La spéculation entourant une entrée possible en bourse semble inciter les investisseurs corporatifs à vouloir dénicher le prochain Google ou Apple et ce, avant même qu’un appel public à l’épargne soit annoncé. La valeur de Facebook aurait triplé en un an, pendant que celle de Twitter doublait en quelques mois seulement et ce, pendant que le premier ne divulgue aucun résultat financier et que le second ne génère que de minces revenus.
Une introduction en bourse (Initial Public Offering, ou IPO en anglais) est une opération financière dirigée par des courtiers et des banquiers et avocats d’affaires en vue de permettre la cotation d’une entreprise sur le marché boursier. Elle pourrait avoir plusieurs motivations, dont celle d’offrir une liquidité aux actionnaires initiaux et actuels de cette même entreprise, qui souhaite retirer leurs billes en encaissant de faramineux profits.
GROUPON FAIT LE PLEIN D’ARGENT FRAIS
La semaine passée, et d’après Business Insider, Groupon aurait obtenu l’autorisation de se financer à la hauteur de 950 millions de dollars, par l’émission d’actions privilégiées de série G.
Le groupe serait ainsi valorisé à environ 6.4 milliards de dollars. Rappelons que récemment, Groupon aurait rejeté une offre d’achat de 6 milliards de dollars déposé par le géant Google.
Si le montant maximal en venait à être recueilli lors de ce financement extraordinaire, ce dernier serait le plus imposant depuis celui effectué par Pixar en 1995.
FACEBOOK N’EST PAS EN RESTE
D’après Mashable, Goldman Sachs aurait investi 450 millions de dollars pendant qu’un actionnaire actuel, Digital Sky Technologies, ajouterait un 50 millions de dollars à sa mise actuelle. Ce dernier est l’un des actionnaires minoritaires de Groupon et Zynga, notamment.
D’après les premières informations disponibles, Facebook pourrait utiliser les fonds pour procéder à des acquisitions, des embauches ou à l’achat d’un siège social de plus grande envergure.
Le New York Times mentionne également qu’un véhicule financier particulier sera mis sur pied pour permettre à des investisseurs extérieurs d’investir indirectement dans l’entreprise. À cet effet, un montant additionnel de 1.5 milliards pourrait s’ajouter à la cagnotte.
Ce stratagème permettrait aussi à Facebook de contourner la loi de la Securties and Exchange Commission qui stipule que toute entreprise détenue par plus de 500 actionnaires différents se doit de dévoiler publiquement ses résultats financiers.
DEUX POIDS, DEUX MESURES
En tant qu’investisseur, ce genre d’euphorie me laisse perplexe. Bien qu’il m’apparaît normal que les investisseurs initiaux de ces histoires à succès en viennent à vouloir liquider une partie de leur actionnariat, pour en consolider les gains monstrueux engendrés depuis la création de ces starts-ups, il est insensé de constater avec quelle facilité ces saveurs de l’année récoltent autant de millions-milliards. Sans même avoir prouvé qu’elles pouvaient générer des revenus récurrents et une rentabilité pérenne, elles réussissent, les deux doigts dans le nez, à attirer de nouveaux investisseurs qui propulsent quant à eux la valeur estimée de ces entreprises à des niveaux sans précédent. Pendant ce temps, d’autres entreprises technologiques matures, publiques, par contre, et en affaires depuis plusieurs décennies, sont boudées par les investisseurs. Microsoft (MSFT-Q), par exemple, possède 11 lignes de produits générant des revenus de plus de 1 milliard de dollars annuellement. Pourtant, le titre boursier demeure sous-évalué, à moins de 11 fois les bénéfices prévus.
Si l’introduction en bourse de ces succès technos se confirme, je vous prédis une euphorie monstre, qui ira bien au-delà du récent IPO complété par le fabricant d’automobiles GM. Comme toute bonne chose a une fin, je prédis aussi des pertes en capital substantielles aux actionnaires qui se seront lancés à fort prix sur ces titres boursiers, advenant le cas que le modèle d’affaires respectif de ces sites en viennent à vaciller, quelque temps après la dite introduction en bourse.
DOMINIQUE LAMY
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