Restaurant Auguste
54 rue de Bourgogne, 75007 Paris.
Tél. : 01 45 51 61 09. Site Web.
Auguste, c’est avant tout Gael Orieux, son chef, pas encore quarantenaire, passé pas de très prestigieuses adresses. Cet article sur les Restos retrace son parcours, de façon grandiloquente, on se croirait dans un peplum. Name dropping à fond. Leur description du restaurant est plus sobre… Une seule critique récente sur CityVox (3/5), pas vraiment représentative, puisque le critique n’a pas l’air d’aimer grand chose. Le FigaroScope en a parlé dans un dossier name-dropping politique, en janvier 2006, alors qu’en mars 2005, ils lui avaient attribué un 7/10, dans le dossier nouvelles adresses (avec encore du name dropping). Une tour eiffel dans le Lebey 2007, un étoile au Michelin début 2007. Leur formule déjeuner entrée, plat dessert n’a pas augmenté depuis un an.
Je retrouve Monica, qui a, elle aussi, des rtt à solder avant la fin de l’année, un peu après midi trente. Avec un nom comme Auguste, à deux pas du Palais Bourbon, je m’attendais à un cadre à l’ancienne. Je confonds peut-être député et sénateur, en tout cas la déco est très contemporaine, sans fioritures, juste ce qu’il faut. Sobre, pas ostentatoire. Nappes et serviettes blanches et épaisses, couverts souvent en argent (sauf le couteau à viande), verres à vin autrichiens, en cristal, mais ce n’est ni Riedel, ni Schott : Glass&co, une marque assez jeune, qui monte.
Quelques petites gougères encore chaudes pour commencer. C’est bon et ça a l’air léger, ça tombe bien, c’est ce qu’il me faut, après mon week end de Noël… La carte n’a pas l’air mal, mais la formule déjeuner à 35€ pour une entrée, un plat et un dessert est plus abordable, et surtout elle propose des choses très intéressantes (il faudra quand même y retourner, ne serait-ce que pour leur soufflé). Va pour la formule donc.
La carte des vins n’est pas mal du tout, une petite sélection de vins dans chacune des différentes grandes régions vinicoles françaises. Une bouteille de Côtes du Rhône, Domaine Gramenon 2006 (Poignée de Raisins, 29€), un vin bio qui ne se la pète pas, encore jeune, et qui s’avère rapidement très agréable : 14° d’alcool qu’on ne sent pas passer. Et une carafe d’eau, what else?
Service discret et efficace. Ce qui est bien avec Monica, c’est que chacun goûte la moitié de ce que l’autre a choisi.
Endive braisée, jambon, Noilly Pratt, sauce Mornay. Hum, c’est un classique ça, on semble plus dans la partie tradition que “modernisme” revendiquée sur leur site web. Il y a heureusement ré interprétation, le jambon n’est pas bêtement enroulée autour de l’endive, cette dernière, est fendue dans la longueur, et des dés de jambon sont “jetés” par dessus. La sauce qui va avec est onctueuse et 100% sauçable. De l’autre côté, c’est un blanc manger de sole, recouvert d’une vichyssoise, avec deux gaufres de charlotte. Frais, délicieusement léger, joli accord entre le poisson et le légume. Miam! Monica a approuvé également.
Clientèle, du quartier, je dirai, puisqu’à ma gauche il était question d’organiser des rencontres et des cérémonies communes pour célébrer un anniversaire important dans moins d’un an. Une vieille dame mange toute seule, une jeune femme qui a l’air américain ou à la limite canadien aussi. Ce n’est pas très jeune, plutôt à partir de quarante ans, et facilement jusqu’à l’âge de la retraite voire au delà.
Leur pain est diablement bon, lui aussi, surtout avec un peu de beurre… La suite arrive après quelques minutes. Bar de chalut étuvé au beurre demi sel, courgettes, quenelles au raifort, comme des petite souris (photo de droite)… De bons produits servis simplement. Monica attendait quelque chose de plus compliqué. Le poisson est très bon tout seul, il devient extra en prenant un peu de “quenelle” en même temps.
L’autre plat dans la formule est une pintade doucement rôtie au tandoor, compotée d’oignons rouges, poireaux. Bam, de la bonne volaille (et Dieu sait si je suis difficile pour la volaille, mais la préparation au tandoor m’intriguait), cuisson presque parfaite, et la sauce/compotée d’oignons est une réussite. Re miam!
Pour finir, Piña Colada au vieux rhum, en gelée, beignet d’ananas, glace au lait coco à gauche, framboises à la nage de litchis vanillés, sorbet jasmin, à droite. Beignet d’ananas presque aérien tellement il est léger. Les beignets lourds sont souvent la règle, il faudrait les supprimer… Ou non, gardons, pour encore plus apprécier les bons beignets. Très bonne glace au lait de coco. La texture de la gelée m’a un peu surpris au début, c’est bon, mais je ne suis pas complètement fan. Le mélange framboises et litchi fait penser à un Ispahan, c’est un bon début. Avec la glace au jasmin, on passe dans une autre dimension, c’est divin!
Une fois les desserts terminés et débarrassés, on nous apporte deux caramels mangue fruit de la passion. Comme pour ce qu’on nous a servi avant, et c’est épatant, c’est bon, ça a du goût et ça a une magnifique impression de légèreté (hum, en me relisant je me demande si je ne suis pas d’autant plus sensible à ça que ce week end c’était très bon, mais souvent assez lourd). Très réussi dans l’assiette!
Petite attente pour avoir l’addition… Je profite de l’oubli de son BlackBerry par l’occupant de la table derrière moi pour le rattraper et lui rendre, et pour redemander l’addition. Que nous aurons en moins de trente secondes, cette fois. Je crois que ma célérité a impressionné les serveurs (pfff). On est juste en dessous de 50€/personne (99€ à deux). Ce n’est pas donné, certes, mais vu la cuisine, la déco sobre et discrète, le service plutôt bon et le quartier, ça les vaut largement. Merci Monica pour cette bonne idée. Avé Auguste, je reviendrai.