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Valls a mis le temps

Publié le 05 janvier 2011 par Karedig @Karedig_GA
 
VALLS A MIS LE TEMPS
 
Les propos de Manuel Valls sur les 35 heures ont réveillé Jean-François Copé qui veut en finir plus vite et plus fort. En réalité, il s'agit d'un faux sujet : on ne manie ici que des symboles. Ni Valls, ni Copé ne proposent la seule mesure "réelle", à savoir le passage à 39 heures de la durée légale hebdomadaire et la suppression sans contrepartie de tous les jours de RTT accordés depuis une décennie à plus de 18 millions de salariés. Ce serait pourtant la seule mesure qui aurait techniquement un impact et qui soit intellectuellement compréhensible. Bien sûr nous prendrions tous les fourches et nous promènerions dans tout Paris les têtes de Copé et Valls au bout d'une pique. Plus tard, bien plus tard, on baptiserait un rond-point de leur nom pour commémorer une telle audace et rappeler aux générations futures l'importance du sens giratoire en politique.
Mais au lieu de cela on fait de la provocation à deux balles et on propose tour à tour d'assouplir, détricoter, dépasser, vider, raboter, édulcorer, aménager, essorer ou déverrouiller les 35 heures. Toutes choses qui ne veulent pas dire grand chose mais qui plaisent à un certain électorat friand de contorsions sémantiques et du jeu de bonneteau. Tout d'abord le temps de travail réel n'est pas identique à la durée légale hebdomadaire. Ensuite les mesures qui ont été adoptées par la droite concernent plus la politique de rémunération que le temps de travail en lui-même : déplafonnement et exonération des heures supplémentaires ou rachats de jours RTT par exemple. Les heures supplémentaires payées (pour ceux à qui elles le sont !) sont supportées par un accroissement de la dette publique, ceux qui pensent que les 35H ont coûté à la collectivité proposent d'y remédier par une exonération de charges (22 milliards selon l'UMP), ce qui est assez cocasse. Les RTT rachetées (les rares fois où cela arrive) sont amorties par la modération salariale qui s'en suit (et même au-delà, souvent...). Alors il reste quoi d'autre dans la besace de Valls et Copé ?
Pour Copé, je ne sais pas, tant sa pensée ne dépasse guère l'incantation, la réflexion de l'UMP sur la question étant d'ailleurs renvoyée à un groupe de travail pour fin février. Il reste donc la proposition de Valls, passée inaperçue puisque les médias se sont focalisés sur sa petite phrase et les primaires socialistes : supprimer la loi TEPA et passer à 37 heures payées 37 ou 38 heures payées 38, donc en augmentant tous les salaires de 5,7% ou 8,5%. A première vue, pour certains, pas de quoi flageller un félin. Mais en dehors du fait que cela fait suite à une appréciation de l'impact des 35 heures tout à fait contestable, c'est une proposition dont personne et surtout aucun acteur social ne veut et dont les difficultés techniques et économiques ne sont même pas effleurées tant elles sont dirimantes. Au total, bien qu'il s'en défende, la saillie de Valls avait bien pour but de faire parler de lui. La preuve : j'en ai parlé.
 

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