Pour ma première chronique de l’année, je vous propose de revenir sur quelques uns des romans phares de l’année passée, qui tous ont en commun d’avoir remporté un prestigieux prix littéraire français…
Michel Houellebecq – « La carte et le territoire » – Prix Goncourt 2010
Commençons cette revue par le roman ayant remporté le plus convoité de ces prix, à savoir le fameux Prix Goncourt. N’ayant pas lu les autres romans de l’auteur, je ne pourrais alimenter le débat sur la qualité de ce roman comparé aux précédents, mais pourrais dire que j’ai été séduit par l’humour de l’auteur, par son indéniable talent pour la digression, par l’intelligence des nombreuses parenthèses dans le récit – l’un des thèmes favoris de l’auteur semblant être l’économie et tout ce qui gravite autour de l’argent – et par le style, clair et agréable. Le roman est cependant assez déconcertant, avec une construction curieuse – puisqu’affublé dans les dernières pages d’une enquête policière abracadabrante – et surtout de quelques points de vue que l’on devine sciemment provocants, mais qui ne sont pas sans laisser un arrière-goût amer et dérangeant…
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Virginie Despentes – « Apocalypse bébé » – Prix Renaudot 2010
Je ne reviendrai pas ici sur ce livre que j’ai chroniqué il y a quelques mois : du pur Despentes, trash à souhait. Un roman qui ravira très certainement les fans de l’auteur de « Baise-moi ».
Eric Faye – « Nagasaki » – Grand Prix du Roman de l’Académie Française 2010
Encore un livre que j’ai eu l’occasion de chroniquer ici-même il y a quelques mois, alors qu’il n’était pas encore primé. C’est cependant avec plaisir que je me permets de vous le conseiller à nouveau…
Patrick Lapeyre – « La vie est brève et le désir sans fin » – Prix Femina 2010
Voici – pour une fois, serait-on tenté d’écrire – un titre qui ne trompe pas sur la marchandise : « La vie est brève est le désir sans fin » est un roman tout en délicatesse et en subtilité. Sur un thème vu et revu, et donc éminemment casse-gueule – une histoire d’amour entre deux hommes et une femmes, sur le modèle de « Jules et Jim » de François Truffaut – , Patrick Lapeyre évite les clichés avec une évidente maîtrise de son sujet et nous propose un roman d’amour à la fois moderne, intemporel, et surtout très bien écrit.
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Cloé Korman – « Les hommes-couleurs » – Prix du Livre Inter 2010
Voici un livre ambitieux, impressionnant par sa densité, son intelligence et son style, écrit par une auteure toute jeune (Cloé Korman est née en 1983). Elle y donne l’impression d’écrire avec facilité, un peu comme nous respirons, à tel point qu’elle se laisse parfois emporter dans son élan par un lyrisme souriant agrémenté de métaphores souvent joyeuses. J’imagine que cette écriture débordante en lassera certains, mais elle contribue beaucoup au charme de ce très réussi premier roman…
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Maylis de Kerangal – « Naissance d’un pont » – Prix Médicis 2010
Comme Cloé Korman, Maylis de Kerangal fait partie de ces auteurs que l’on imagine bavards, tant leur écriture déborde, fourmille, explose littéralement, avec ces phrases interminables, faisant la part belle aux énumérations, mêlant descriptions, dialogues, onomatopées souvent doublées, dans un joyeux fourbi imagé et finalement rafraîchissant. Le sujet – la construction d’un pont monumental en Équateur – pourrait sembler de prime abord austère et peu propice aux élans littéraires, mais il n’en est rien : la bonne volonté de l’auteur, son sincère attachement à ses personnages, son énergie communicative donnent un véritable souffle au roman, qui mêle avec réussite le roman social, le roman d’aventure et le roman d’amour – j’en oublie certainement – et se lit d’une traite…
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