Question de lisibilité diront certains, de crédibilité à gauche pour d’autres . Le PS est embarrassé par ces « figures médiatiques » que la droite ne cesse d’utiliser et qui font la colère ou la
risée de l’autre gauche. Dans le passé pas si lointain, le PS a exclu un certain nombre de militants, certes moins « médiatiques et moins médiatisés ». je me souviens , entre autre de l’exclusion
d’Eric Hinterman, qui devait ensuite fonder le Parti Social Démocrate français, à la fin des années 70. C’était un homme intelligent, opposé à la ligne de rupture et peu favorable au programme
commun de gouvernement et à l’unité avec le PCF. Son Parti Social démocrate s’est ensuite fondu dans l’UDF. Il est issu des Jeunesses socialistes et j’avais eu l’occasion de converser avec
lui à quelques reprises. Il n’était pas socialiste et n’aspirait pas à changer la société, le capitalisme était pour lui « un horizon indépassable » qu’il suffisait d’humaniser. Il tenait un
discours qui n’a rien à envier aux discours actuels de bon nombre de dirigeants socialistes actuels, dont certains vont encore plus loin dans la droitisation. Dans ces pratiques, Eric Hinterman
était un homme honnête et sincère mais il n’avait rien à faire au PS du point de vue politique et il aurait mieux fait d’en partir que de tenter désespérément de le changer. Il aurait pu se
taire et attendre , il serait alors « à la mode » de nos jours. Max Lejeune a également été exclu, bien avant Eric Hinterman. D’autres ont connu l’exclusion, des pas connus, des militants de
base, traduits devant la Commission des Conflits. C’est la Commission des Conflits qui doit être saisie de toute demande d’exclusion mais il y a aussi les blâmes, les avertissements
etc…
On ne peut
donc s’indigner des propos tenus par Manuel Valls sur les 35 heures, si on ne saisit pas la Commission des Conflits. Ne pas le faire, c’est feindre l’indignation.
Enfin ,
Manuel Valls, DSK et Pascal Lamy, ne veulent pas changer le système , la liste n’est pas exhaustive , ils le disent et les deux derniers le pratiquent avec une aisance particulière. Mais le PS
dans sa majorité, veut il réellement changer de système . Alors pourquoi exclurait on des dirigeants tels que ces trois, pour leur liberté de parole et d’action puisque la ligne politique
est partagée, on ne change pas le système. La différence vient certainement de ce que les uns prétendent en soulager les maux et pas les autres. Les uns seraient pour un capitalisme charitable et
pas les autres ,point partageux. C'est toute la rhétorique du christianisme social, composée d’une aile droite et d’une aile gauche. Il y a la vrai aile gauche au PS avec Benoit Hamon, certes
mais qui ne se précipite pas à la Commission des Conflits et puis compte t elle réellement en dehors du fait qu’elle peut être une force d’appoint pour les moins mauvais ou les plus « roublards
». Ces 15% à gauche témoignent ils d’un Parti de gauche, est ce suffisant pour caractériser un Parti de gauche et socialiste.
C’est aussi la triste réalité d’une caste dirigeante qui s’auto protège et puis ces sans grade exclus pour des dissensions locales ou départementales ou auteurs du crime de lèse majesté. Ces
humbles militants « corrigés » par des sicaires, rabroués, sommés mais on ne touche pas aux puissants, à l’élite auto proclamée. C’est le problème du PS pourrait on dire, ses affaires internes,
certes oui mais qui ont indirectement des conséquences sur toute la gauche puisqu'il y a un second tour. Cette image est dommageable pour un bon report, elle n’incite pas au choix puisque
les uns apparaissent aussi « pourris » que les autres et sert d’argument à ceux qui en étaient déjà persuadés. L’aile gauche du PS qui ne cesse de ramer pour expliquer peut s’y épuiser sans
convaincre pour autant ,tant les exemples se multiplient. Il ne lui reste qu’un dernier recours, qui seul peut donner mesure à son indignation, c’est de demander l’exclusion de ces trois et de
les traduire en Commission des Conflits. On est ce que l’on fait et pas forcément ce que l’on dit.
Comment ensuite, si le nécessaire n’est pas fait, demander de voter et de reporter les voix sur ceux dont même à l’intérieur de leur organisation, on nous assure que ce ne sont que des « coquins
» et de droite. Comment reporter des voix contre la droite sur des candidats qui sont de droite . Gérard Filoche condamne vertement les propos de Manuel Valls, oui mais si ce dernier est le
candidat. Demandera t il de voter pour celui qui représente ce qu’il combat. Il en est de même pour DSK. Si ce n’est pas de la confusion et l’anti sarkozysme ne suffit pas à expliquer tous les
retournements. L’anti sarkozysme ne suffit pas car il y a aussi des gens de droite qui font dans l’anti sarko mais pour appliquer la même politique. Dominique De Villepin est un homme de droite
déclaré et assumé et anti sarkozyste, qu’est ce qui le sépare de DSK ou de Manuel Valls. Des anti sarko, il y en a même à l’extrême droite. L’argument est un peu faible , passe partout et à
géométrie variable. Il y en a vraisemblablement à gauche pour qui ces exclusions sont un préalable, dans quelles proportions, l’avenir nous le dira. Mais nous savons déjà que le refrain du vote
utile sera entonné et que la bourgeoisie fournira l’orchestre.