Comme un millier de personnes, j’ai eu le privilège d’assister au rendu de la Vision 2020 par le Ministre du Tourisme qui a passé son oral avec brio devant notre Auguste Souverain, son gouvernement et tout ce que le Gotha du tourisme compte comme acteurs.
J’ai apprécié l’intervention du SG de l’OMT qui a rendu un hommage à notre stratégie qu’il qualifie de réaliste, cohérente et flexible, mais également soucieuse de son environnement et de son patrimoine culturel et historique.
Je suis très impressionné par la densité des programmes qui seront déployés dans la prochaine décennie, rassuré par les principes fondateurs et convaincu par la démarche analytique ayant abouti à ce résultât.
Durant toute cette semaine, comme tout professionnel qui se respecte, j’ai lu la presse, parcouru les blogs et écouté les medias nationaux et internationaux, en essayant de garder la tête froide et de ne pas me laisser influencer par les acquis ou les détracteurs de la Vision 2020.
Je n’ai malheureusement pas entendu les « élites représentatives » de notre secteur s’exprimer de façon responsable et franche au sein des Fédérations et des Associations de métiers ne serait ce que pour débriefer de manière officielle. Aussi, c’est une opinion tout à fait personnelle que je souhaiterai partager avec vous.
Dans la vision 2020, il faut distinguer le Fond et la Forme et qu’il ne faut dissocier à aucun moment, car c’est ce qui fera le réalisme de cette stratégie et sa pérennité.
Sur le Fond, tout ce qui a été présenté coule de source et plus particulièrement l’implication des régions dans leurs différences géographiques, culturelles et thématiques pour créer une compétition saine qui nous permettra de figurer dans le Top 20 des destinations, par la diversité de notre produit, la qualité de nos prestations et plus important la durabilité de notre offre. C’est ce dernier point, qui à mon avis fera qu’un touriste choisira le Maroc plutôt qu’un autre pays.
Le Plan Azur est une composante essentielle dans notre destination , car nous avons toujours été handicapé par notre offre balnéaire , quand on sait , que c’est le segment le plus important dans une offre vacances , surtout lorsqu’on a des kilomètres de plages , un océan , une Mer et des conditions climatiques optimales. Bien sûr, il était utopique de penser boucler ce chantier en dix ans, mais nullement insensé ni illusoire d’avoir vu les choses en grand. Il faut ça pour ça, c’est une question de moyens, de vigilance, de pilotage et de gouvernance. La vision 2020 va donc combler ces erreurs par un nouveau casting.
Le Tourisme Interne est une réalité indissociable pour asseoir une destination et la mettre à l’abri des aléas de cette industrie qu’est le tourisme. Les différentes crises que nous avons eu à vivre de 1990 à nos jours, montrent combien notre secteur est fragile car dépendant uniquement d’une clientèle étrangère. Nous devons donc œuvrer pour que l’offre nationale puisse être absorbée à 35% par les marocains .C’est le seuil de stabilité pour le secteur.
Pour cela, il ne suffit pas de produire une offre adaptée (Plan Biladi), mais mettre en place des leviers à même de relever le niveau de vie et de créer une véritable classe moyenne capable de consommer au juste prix. Lancer une réflexion sur l’étalement des vacances, inciter et susciter une meilleure distribution de l’offre et veiller à une concurrence saine sans abus de position dominante, car il faut continuer à faire dans le durable et ne pas faire disparaître un tissus d’acteurs de proximité qui connaissent très bien le consommateur national.
En ce qui concerne la stratégie de promotion et de commercialisation, parmi les défis à relever, je suis conforté d’apprendre le renforcement de notre présence sur Internet, car il est vrai que ce canal a été occulté lors de la dernière décennie et pour cause : il ne fallait surtout pas scier la branche sur laquelle on était perché : les TO. Dans ce cas, il ne fallait pas opter pour l’open Sky et rester dans un schéma traditionnel.
Je pense qu’il faut aller jusqu’au bout de la logique, et faire un mix des deux. La destination a besoin des low cost pour drainer un maximum de touristes et les TO ont besoin de la destination pour continuer à exister, donc c’est à eux de s’adapter à la réalité. La preuve est que la Tunisie et l’Egypte sont entrain de changer de braquet. Le salut viendra du ciel.
Sur le portail Internet : c’est aujourd’hui une nécessité absolue pour le développement de la destination et toutes les énergies doivent ce concentrer sur ce canal, car c’est celui qui coutera le moins cher en terme d’investissement, et dont les retombées seront exponentielles sur toutes les régions. C’est un moyen de communication ultra rapide, disponible 24/24 et 7/7, dans tous les foyers ciblés et sans frontières. Un impératif : le contenu, c’est ce qui détermine le référencement par les moteurs de recherche.
Enfin j’aimerai bien savoir ce que l’on veut dire par centrale de réservation ? C’est un terme qui s’assimile à une chaine hôtelière, un réseau d’agence, un TO, mais je ne vois pas comment elle va fonctionner au niveau national, d’autant plus que nous avons opté pour une stratégie régionale pour stimuler la demande ? Il serait intéressant d’organiser une journée portes ouvertes sur ce sujet avec les responsables du projet et des consultants en e.tourisme dans le cadre de l’Observatoire du Tourisme par exemple !
Voilà pour le fond avec un intérêt de voyagiste comme vous l’avez sans doute compris et une contribution personnelle pour ouvrir le débat.
Sur la forme, je ne me fais pas de soucis, puisque conforté par les signataires du contrât Programme et notamment les 12 Ministres qui se sont engagés devant l’œil bienveillant de Sa Majesté Le Roi que Dieu le préserve.
Nous reviendrons plus tard sur cet aspect de la Vision 2020 qui doit certainement susciter votre intérêt, ne serait ce que par son mode de Gouvernance.
Bonne semaine à tous.