Difficile de ne pas faire de commentaires après avoir regardé sur Canal+ ce reportage sur les soi-disants nouveaux caids des cités. Difficile de ne pas se mettre en …
colère. Une fois encore, la télévision s’arroge le droit, sous prétexte d’informer les populations, de stigmatiser les « cités » en diffusant ce qui serait le nouveau banditisme. Qu’un journaliste que l’on qualifie d’indépendant décide de « tauper » des délinquants voire des criminels est déjà à la limite de l’acceptable mais qu’en plus sur le plateau un Procureur de la République, en l’occurence celui de Marseille vienne corroborer les dires de ce journaliste est inadmissible.
Ce reportage, fruit selon Pierrat -le journaliste « investigateur »- d’un long travail de recherches, de contacts, de mise en confiance et j’en passe, n’est qu’un ensemble de clichés à la limite de la nausée. De quel droit et à quel titre un journaliste peut-il se permettre de se positionner ainsi au-dessus des lois? Ce n’est pas la première fois que la question se pose mais en ce cas il devient urgent d’y répondre.
En effet, le fait d’avoir connaissance de délits ou crimes et ne pas les dénoncer est passible de peines prévues par la Loi. Le fait de laisser agir des malfaiteurs et de les suivre ou les accompagner l’est également. Il y a dans ce reportage plusieurs délits commis par le journaliste à moins que la Loi ne soit pas la même pour lui. D’une il y a non dénonciation de malfaiteurs -le journaliste a parfaitement connaissance des faits délictueux commis par ses « témoins ». De deux lorsqu’il accompagne un « go fast » en étant lui-même dans le véhicule d’un passeur, il se rend complice et cela est également puni par la Loi.
Sur le plateau, le Procureur n’a d’autre réaction que celle d’un télespectateur lambda et se contente de confirmer les propos tenus par le journaliste. J’attendais de lui qu’il rappelle quelques éléments de ce pour quoi il a prêté serment.
Hormis le fait que ce qui a été diffusé est un secret de polichinelle pour qui s’intéresse au banditisme et à son Histoire, on a remplacé pour une partie du reportage la drogue par les armes. L’Europe a ouvert en grand ses frontières en incluant en son sein des zones qui ne connaissaient du mot paix que la définition. Les armes des conflits terminées sont donc à vendre et sont importées comme d’autres denrées. Le marché est fructueux pour qui ne trouve pas sa place au sein de notre société. Mais des kalash ne sont quasiment rien en regard des armes utilisées lors de différentes attaques de fourgons blindés. Faut-il rappeler l’utilisation de lance-roquettes?
Ma réflexion va plus loin. Pourquoi de tels reportages? et la question qui me vient immédiatement à l’esprit est : qui cela sert-il?
Vouloir faire de l’audience n’est pas suffisant et Canal+ n’a pas forcément besoin de cela pour battre TF1. Alors? Je me demande simplement si diffuser ce type de reportage à la télévision n’entre pas tout bêtement dans une logique politique liée au sentiment d’insécurité d’une grande partie de la population française? La question est posée.
Lorsque Pierrat explique que les Gendarmes, le véhicule, les armes sont preuve de la réalité de son reportage, je réponds sans l’ombre d’une hésitation: non! Non, Monsieur Pierrat, faites donc croire ce que vous voulez à qui vous voulez mais je ne marche pas. Il n’y a rien de plus facile que de bidonner un reportage et vous le savez aussi bien que moi surtout pour la télévision. Je ne dis pas que ce reportage est bidonné, je dis simplement que cela est possible et que les arguments de réponse opposés à la question (?!) du présentateur n’ont aucune valeur.
Une autre question me vient et je la livre également telle que: si M.Pierrat est capable de se faire quelques frayeurs en vivant quasiment dans la peau d’un malfaiteur, comment se fait-il que les spécialiste des services de Police qui sont payés pour enquêter ne soient pas en mesure de faire de même? Celle-là aussi est posée!
Pour finir, je dirai juste à ce journaliste qu’il va quand même lui falloir faire attention désormais parce que dire à la télévision que les « gangsters » ont accepté sa présence pour flatter leur égo n’a pas du être apprécié par certains d’entre eux à moins que M. Pierrat ait oublié de leur dire à quelle heure serait diffusé le reportage!