Vents d'Ouest
198 pages
Résumé:
Une maison, c’est la sécurité. C’est aussi en quelque sorte un signe de réussite, c’est même l’ultime refuge de qui cherche à s’isoler. Lorsque Jacques voit se présenter la chance de quitter son logement miteux et d’emménager dans une petite maison, SA maison, grande est sa confiance de laisser derrière lui la grisaille d’une vie ancienne. Certes, la maison n’a rien d’un palace mais, déjà, il s’y sent bien. Bientôt s’estompent les mauvais souvenirs, remplacés par un bien-être qu’il ne se souvient pas d’avoir connu. Ici, tout est parfait. C’est tout juste s’il ne doit pas se faire violence pour sortir et aller faire ses courses. Curieux, tout de même, que les copains du vendredi semblent toujours s’inquiéter de son état. Il est si bien ici, avec son secret bien à lui, découvert au fond de la cave… Puisse la maison veiller sur lui longtemps encore, comme elle l’a si bien fait pour d’autres avant lui.
Car de tout temps, la maison fut.
Mon commentaire:
Ce recueil de nouvelles d'épouvante est séparé en deux parties. La première, Entre les bras des amants réunis, est une novella et occupe plus de la moitié du livre. Elle raconte l'histoire de Jacques, un homme malade, pour qui la vie est pénible. Il se bourre de pilules de toutes les couleurs et se sent mal peu importe où il se trouve. Lorsqu'il a la chance d'acheter une petite maison dans un quartier tranquille, il pense que tout va changer. En faisant quelques travaux dans la cave, il découvre un secret. Un secret qui le hante, qui le fascine, qui le possède. Sa vie ne tourne désormais qu'autour de sa découverte. Dans son cerveau malade, sa nouvelle vie est désormais ce qui l'attache à la cave...
Le talent de l'auteur ici est d'offrir une histoire en apparence banale et normale. Un homme achète une maison. Il se force à l'aménager tranquillement. On pense qu'il en profitera pour repartir sur de nouvelles bases. Qu'il reconstruira sa vie. L'auteur nous donne le sentiment d'être dans un monde normal, mais son personnage lui, ne l'est pas. Jacques est un personnage complexe, malade, qui cherche dans son secret, un exutoire à la vie. Tout à coup tout dérape et l'horreur qui ne semblait pas présente envahit toutes les pages du livre. Cette histoire mêle horreur, sexualité et folie en une histoire macabre et morbide à donner le frisson!
La deuxième partie du livre nous offre les Contes de la nuit tombée, une série de neuf contes où le malin et les ténèbres sont au coeur de chaque histoire. Voici un aperçu de chacun des contes:
Les ténèbres
Un court texte sur le malin.
Le masque
Dans un club sélect de marginaux qui se retrouvent la nuit, un homme fait la connaissance de Suchi, un être étrange et effrayant...
La traversée
Ce texte est une sorte de métaphore sur la vie, les épreuves et les gens qui ont perdus la faculté d'être heureux. C'est un excellent travail d'écriture, peut-être même mon texte préféré du recueil.
Lendemain de veille
Une femme se réveille et constate qu'elle ne voit plus rien. Elle réalise alors qu'elle n'a plus de... yeux!
L'oeil de la lune
Un texte poétique sur une nuit d'amour macabre.
Il ne faut pas que je dorme
Un petit garçon voit les morts, la nuit. Il a pour mission de les aider...
L'horloge du Grand Birimi
Une horloge magique, deux garçons et le temps qui passe. Une autre nouvelle qui me plaît particulièrement!
Dans la poubelle
Une histoire effrayante d'un homme qui constate que sa poubelle est soudain dotée de vie!
Un conte de whisky
Cette nouvelle est un hommage à Jean Ray, un auteur belge de littérature fantastique et à ses Contes du whisky. Cette nouvelle raconte l'histoire d'un marin qui vient trouver du réconfort dans une auberge et un verre de whisky. Ce qu'il y apprend le trouble profondément.
Ces contes sont de qualité et complètent bien la novella du début du livre. Cinq des histoires qui composent ce recueil ont déjà été publiée dans différentes revues comme Solaris, Zinc ou Evolve.
Entre les bras des amants réunis suivi de Contes de la nuit tombée est un recueil parfait pour qui aime les histoires effrayantes, où les ténèbres ne sont jamais bien loin et où ce qui paraît être normal ne l'est absolument pas!
Un extrait:
"Son salon lui donnait le cafard. Sa cuisine lui donnait le cafard, sans oublier sa chambre. Et comme il ne se sentait pas très bien d'avance, tout, ici, contribuait à le rendre malade. Depuis un moment, un bruit irritant de gouttes d'eau dans l'évier était le seul son dans la maison, aussi Jacques se rendit-il tordre le robinet afin de mettre fin au supplice. Son genou percuta une porte d'armoire mal fermée, qu'il dut forcer pour lui redonner la bonne position. Quand il avait visité la maison, tout était parfait. Quand il s'y était installé aussi. Pourquoi y aurait-il des choses croches maintenant? C'était son influence à lui? Il déprimait la maison?" p.61