Chroniques des rivages de l'Ouest tome 2
Editions L'Atalante281 pages14 euros
Présentation de l'éditeur:
«Mon premier réel souvenir est d’écrire la formule donnant accès à la salle secrète. Je suis si petite qu’il me faut lever le bras très haut pour tracer les signes où il se doit sur le mur du couloir, en l’air, sans toucher le revêtement. Une ouverture se ménage dans la paroi. J’entre.»
Ansul était jadis une ville paisible, riche de ses nombreuses bibliothèques, ses écoles et ses temples.
C’était avant l’occupation des Alds. Les Alds croient en la présence de démons dissimulés dans les mots. Aussi interdisent-ils la lecture et l’écriture, sous peine de mort.
Tout cela changera-t-il bientôt? Voici venus des Entre-Terres le poète Orrec Caspro et son épouse Gry. Dans la voix du conteur résonne un appel qui peut éveiller le peuple opprimé.
« Chronique des rivages de l’Ouest » se compose de trois romans. Dons a obtenu le Pen/USA Award en 2005 et Pouvoirs le prix Nebula en 2008.
L'avis de Phooka:
Autant j'avais eu un peu de mal à me plonger dans le tome 1, Dons, autant je me suis faite accrocher dès les premières lignes par ce Voix.L'héroïne, Némar, est tellement attachante qu'il est difficile de la quitter et Ursula Le Guin démontre une fois de plus qu'elle est une conteuse née! Une conteuse à l'ancienne, comme on imagine, capable de captiver les foules et de les subjuguer par son récit. On se laisse complètement emporter par sa plume et par sa "voix" justement. Lisant/écoutant ce récit fluide et beau...Beau oui, mais pas sans message.En effet ce peuple du désert qui a envahi Ansul est tout un symbole. De par son refus de la lecture et de l'écriture, il est atypique Le symbole de l'obscurantisme et du fanatisme religieux que l'on peut voir parfois pas si loin de chez nous. Et malgré ce sujet, on ne peut plus sérieux, le récit coule comme une rivière. Le Guin ne condamne pas, elle ne pérore pas, elle ne dénonce pas, elle raconte. Et ce peuple du désert forme un monde cohérent avec ses forces et ses faiblesses. On finit même par aimer ce Ioratth, le chef de ce peuple. Et Némar avec son innocence et sa jeunesse va nous raconter sa vision des choses. Par ses remarques "Si vous saviez écrire vous pourriez transmettre vos messages vous même", elle touche les points sensibles sans trop en faire. Elle est l'âme de ce roman....sa voix, la voix de Le Guin.Et Gry et Orrec? me demanderez vous, si vous avez lu le tome 1.Oh ils sont là oui et très présents même! Orrec est devenu un très grand conteur, adulé par les foules. Il arrive dans cette ville d'Ansul avec Gry qui l'accompagne et qui a toujours le don avec les animaux. Il s'est passé 17 ans depuis le tome 1 et beaucoup de choses se sont passées dans leur vie. On le sent, on le devine, même si ce n'est pas raconté. Je les ai retrouvé vraiment avec plaisir, même si les personnages qu'ils sont devenus sont finalement assez éloignés de ce qu'ils étaient dans Dons. D'ailleurs pour ceux qui se poseraient la question, il n'est pas nécessaire d'avoir lu Dons pour lire Voix. Le livre est suffisant en lui même.Voix est un récit presque "oral" (un comble pour un livre non?) sur l'importance de la lecture, de l'écriture. Sur la nécessité des livres comme base de réflexion, comme support de la mémoire. Mais Ursula Le Guin ne donne jamais de leçons, elle raconte une histoire c'est tout. Et croyez moi c'est une très très belle histoire!
Un livre que je ne peux que conseiller, un vrai plaisir de lecture !
Un grand merci encore une fois à Livraddict et aux éditions L'Atalante pour cette superbe découverte qui confirme tout le bien que je pense d'Ursula Le Guin.