Comme toujours l’auteur est peu loquace sur ses personnages et nous les laisse à deviner.
J’imagine quant à moi cette narratrice comme une femme dans la trentaine, une japonaise somme toute assez banale, qui passe facilement inaperçue, timide et effacée à l’école, discrète et nostalgique à l’âge adulte.Est-elle dépressive ?
Curieusement, cette descente dans le quartier du cimetière en bord de mer lui procure un sentiment mystique qui ne la quitte plus et qui adoucit l’impression d’isolement qu’elle ressent de plus en plus fortement en restant chez elle auprès d'un mari qui l’agace de plus en plus.Le seul événement un peu pittoresque de ce récit tient à ce livre de la bibliothèque du lycée retrouvé oublié dans sa chambre dix ans après. Quand elle le rend à la nouvelle responsable, celle-ci lui apprend que tous les anciens livres ont brûlé dans un incendie. Le sien est le seul rescapé du désastre.Tout ce que j’aime chez Yoko Ogawa se tient là, dans ces riens qui en disent tant et qui obligent à rester infiniment attentif au moindre détail. On sait que la romancière n’insiste pas , ne revient pas sur ce qu’elle a déjà écrit précédemment. Ce n’est pas son genre, les répétitions. Elle fait confiance à son lecteur. A lui de comprendre, de tout saisir !
La fin est habituelle, encore plus neutre et mystérieuse que le reste! Après une soirée paisible chez K, en regardant un match à la télévision et dans l’attente du retour de sa femme qui n’arrive pas, elle s’apprête à rentrer chez elle :
Peu de choses en somme, une fois de plus, le minimum, un souffle , une respiration: juste un peu de la vie d'une femme étonnée de vivre
Un thé qui ne refroidit pa de Yoko Ogawa, (Thesaurus, Actes Sud, œuvres, p89 à p119) Titre original : Samenai Kôcha, traduit par Rose Marie Makino (Contribution au challenge de Choco sur le Japon si elle accepte aussi les nouvelles et pas seulement les romans!)