Shakespeare, dont le théâtre est souvent basé sur les apparences, aurait très bien pu imaginer la situation baroque dans laquelle le film à effets spéciaux « Matrix » plonge le spectateur ! Quel est le message du film ? Il se pourrait bien que ce que nous voyons ne soit qu’un piège, un miroir déformant. « We are such stuf as dream, and our little life is rounded with a sleep » : « nous sommes de la même étoffe que les rêves et notre petite vie est nimbée de rêve »...
Retraçons le synopsis : Néo, le personnage principal, « l’Elu », doit dès le début, « suivre le lapin blanc » pour trouver sa destinée... Nous voici d’emblée sous le signe de Lewis Caroll et de « Alice au pays des merveilles ». Savourons l’action, les poursuites et les combats nombreux, réglés comme des ballets, mais songeons aussi qu’il y a matière à penser « de l’autre côté du miroir » et de l’écran...
De fait, Néo apparaît vite comme un initié qui doit rejoindre une communauté de « sages » dont le chef est un dénommé « Morpheus ». Ces sages lui livrent aussitôt une information essentielle – et éminemment philosophique – : le monde dans lequel les hommes « s’agitent » n’est qu’un leurre, une apparence qui occulte la Vérité. Au sein de cet univers artificiel, ils hommes ne sont que les éléments d’un programme qui leur échappe. Ils sont les pièces articulées d’une « matrice » et la matrice les « berce d’illusions » pour mieux les exploiter. Chaque individu fournit de l’énergie sous contrôle et si personne ne fait l’effort d’ouvrir les yeux, la machine tourne à plein régime...
Voici pour le synopsis qui indique le fonctionnement d’un état digne de n’importe quel totalitarisme (On songe au Big Brother de George Orwell)... La suite demain.