Des comics et des filles : Bitches !

Oui je sais le terme est peut être un peu fort, mais j’ai décidé de démarrer avec du lourd cette année. Il y a quelques temps et à plusieurs reprises, je me demandais quelle place pouvait avoir les femmes dans les comics, autant en tant qu’artistes, qu’héroïnes, et le résultat de mes recherches ne m’a toujours pas satisfait. Je me suis en fait rendue compte que je n’avais toujours pas fait le tour de la question (et quelque part c’est tant mieux).

Si il est vrai que de nos jours les héroïnes de comics sont très souvent dessinées et montrées en tant qu’objet sensuel/sexuel sur certaines couvertures (surtout dans les années 90, mais la mode perdure), et ce bien entendu dans une optique de faire vendre des œuvres destinées à des adolescents pré et post-pubères  (et puis vous…. et moi), j’ai découvert que cela n’avait  pas toujours été le cas. Oui, la révolution sexuelle s’est aussi déroulée sur les couvertures de nos fascicules préférés, et pas toujours de la manière qu’on le croit.

C’est en effet dans les années 60 et 70 que les femmes prennent réellement le pouvoir, sous l’œil le plus souvent consterné et ahurit de nos super héros préférés, complètement dépassés par les évènements. On « découvre » ainsi que la femme est un être fourbe capable des pires traîtrises comme l’ont fait Supergirl et Iris Allen respectivement dans Action Comics #313 en1964 et Flash #204 en 1971, lorsqu’elles révèlent la véritable identité de Superman et Flash. C’est pas sympa les filles.

En 1968, année au combien symbolique, Loïs Lane refuse son statut réducteur de fiancée de Superman, et le crie haut et fort dans Loïs Lane #80.

Non seulement les héroïnes se rebellent, mais elles n’hésitent pas non plus à saboter les pouvoirs du mâle dominant comme Supergirl (encore elle, mais qu’elle chipie celle là) dans Action Comics #324 en1965, qui à  l’occasion peut se faire aider par sa grande copine Batgirl comme dans Action Comics #336 (1966).

Oui, c’est du propre.

C’est ainsi qu’à défaut d’une réelle entraide et d’un esprit de franche camaraderie propre aux super héros hommes (j’en ai deux/trois plutôt pas mal à ce sujet, mais ce sera pour un autre billet), va s’installer une réelle concurrence, voire une véritable guerre des nerfs entre les deux sexes, à en juger le Detective Comics #371 qui en 1968 notifiait les priorités de chacun (avec certes un brin de sexisme à la clé mais passons…)

ainsi que Batwoman qui coiffait au poteau Batman et son Boy Wonder au guidon de sa mobilette (la Batmobile devait être en rodage ce jour là…) dans Detective Comics #233 en 1956.

Mais tout ça reste quand même bon enfant au regard des couvertures suivantes où les héroïnes mettent carrément la patée (physiquement, cela va sans dire) aux super héros dits du sexe fort, pour preuve cette déculottée mémorable de Superboy et Ultra Boy dans Adventure Comics #368 toujours en 1968 (l’an de grâce décidément),

dans Superman # 261 (1973), la sentence est d’ailleurs irrévocable (non non je ne regarde pas la tf1, c’est pas vrai…) et humiliante.

Ainsi, la fin des années 50 puis les 60′s et 70′s ont peut être été en fin de compte la meilleure époque pour les héroïnes de comics, en tout cas d’après ce que l’on peut voir de ces flamboyantes couvertures. Les super héros se sont vu en effet poussés dans leurs derniers retranchements, face à la libération de la femme et je pense que cette époque fut salvatrice à bien des égards. Cela a sûrement d’ailleurs amené un lectorat féminin sur certaines séries (et je pense aussi que c’était le but).

Encore une fois je n’ai pas parlé de Marvel, mais sachez que cette vague de Girl Power s’est aussi manifestée à la Maison des Idées, notamment grâce au personnage de la Valkyrie qui en 1970 apparaît dans les pages d’Avengers # 83 et qui symbolise à elle seule la rébellion « en douceur » contre le sytème phallocrate dirigé par des super héros omnipotents.

Pour conclure, et si on s’amusait à refaire le monde en imaginant que les femmes y aient pris le pouvoir (What if ?), nous aurions sans doute vécu dans un monde peut être similaire du notre, qui sait, mais ce qui est certain c’est que  la couverture la plus emblématique de Crisis on Infinite Earths aurait inévitablement donné ça :

Source : Un site magnifique dont je reparlerais bientôt !