Il y a trois ans, j’avais été très impressionné par l’exposition de Joana Vasconcelos au Passage du Désir. C’est donc plein d’espoir que je suis allé voir son exposition à la galerie Nathalie Obadia (jusqu’au 1er Mars), titrée publicitairement ‘Où le noir est couleur’. Mais cette fois-ci la magie n’a pas fonctionné. La vidéo du road trip à Fatima est toujours très bien, mais elle date de 2002; il y a un énième travail au crochet géant suspendu au mur. De la rue on voit tourner en vitrine cet énorme coeur écarlate fait de couverts en plastique suspendu à un crochet (Red Independent Heart, 2005): une fois encore, utiliser des éléments ordinaires pour construire une chose extraordinaire et symbolique; c’est joli, charmant, mais ça manque un peu de profondeur, même en l’enveloppant de fado.
L’énorme forme noire dans la galerie est faite de tissus aux textures et reflets différents, mats ou brillants, vifs ou éteints, lisses ou côtelés. Titrée ‘Victoria‘, cette pièce est censée célébrer l’amour et la féminité. Elle est certes assez fascinante, comme peut l’être le château enchanté de Disneyland, mais il est difficile de s’y intéresser davantage.
A part la vidéo de Fatima, l’attention du spectateur un peu ennuyé n’est guère retenue que par les trois Grâces, statues de plâtre pour un jardin de banlieue, outrageusement peintes et ornées de dentelle (ci-contre Thalie). Qu’est-ce que le kitsch artistique? La collision entre l’art populaire le plus vulgaire et un discours élitiste décalé, ici féministe et régionaliste. Rien là qui soit à la hauteur du lustre en tampons (’La fiancée’) ou des chaises de ‘Meeting Point’, rien qui conjugue légèreté et gravité comme Joana Vasconcelos a su le faire par le passé. Dommage.
Photos de l’auteur.