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Arnold Schwarzenegger doit quitter sa fonction de Gouverneur de Californie à un moment où cet Etat est devenu un bastion des démocrates en pleine vague fédérale républicaine. C'est l'histoire d'un départ manqué.
"Aujourd'hui est un nouveau jour pour la Californie. Je ne me suis pas présenté à cette élection pour faire les choses de la même manière qu'elles ont toujours été faites. Mon principal souci est de rétablir votre confiance dans le Gouvernement californien. Cette élection ne s'est pas tenue pour remplacer un homme. Elle ne s'est pas tenue non plus pour remplacer le parti majoritaire en place. Elle a eu lieu pour changer l'intégralité du paysage politique de notre Etat".
Ce 17 novembre 2003, à Sacramento, aux côtés de son épouse Maria Schriver qui vient de tenir la bible sur laquelle le nouveau Gouverneur venait de prêter serment, Arnold Schwarzenegger débutait son discours en ces termes.
En réalité le mandat du Gouverneur a connu quatre étapes très distinctes.
La première, celle des premiers mois d'installation, est très prometteuse. Elle s'accompagne d'une forte popularité. Des actes spectaculaires sont mis en scène avec efficacité :
- refonte du système de couverture des accidents du travail,
- réduction drastique de cotisations portant sur les automobiles,
- coupes radicales dans les dépenses de l'Etat.
Parmi les dépenses radicalement modifiées figure le salaire du propre Gouverneur.
C'est l'époque où la popularité du Gouverneur semble lui ouvrir les plus hautes perspectives. Une réforme constitutionnelle est même évoquée pour lui permettre une candidature à la présidence…
Tout tourne lors du second semestre 2004. Pendant la présidentielle, il s'est engagé ostentatoirement en faveur de GW Bush. Des scandales privés entachent son image. Il prend une position très rigide contre la loi de légalisation du mariage homosexuel. Des propositions initiées par lui sont rejetées.
Sa côté de popularité est tombée à 35 %
Les sondages qui arrivent tout au long du 1er trimestre 2006 sont très serrés. Une défaite en novembre 2006 parait possible.
S'ouvre alors une nouvelle étape, la troisième. Sur les modalités de surveillance de la frontière avec le Mexique, il se démarque du Président Bush. Il livre même un réel bras de fer public s'opposant à lui, à certains de ses choix politiques, refusant de s'engager dans la voie ouverte par le Président Bush.
Mais surtout en juillet et août 2006, Arnold Schwarzenegger découvre une nouvelle ambition collective : la défense de la planète. Le 13 juillet 2006, il fixe des objectifs très ambitieux à destination des biocarburants.
Un pas supplémentaire hautement symbolique intervient le 30 août 2006, il fixe une nouvelle politique en conformité avec le protocole de Kyoto. Il s'agit de réduire d'un quart les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020. Dans la foulée, il multiplie tous les actes pour montrer qu'il s'agit là de son nouveau combat : lutter contre le réchauffement de la planète. Etudes, sanctions, innovations …: tout est bon pour montrer la détermination du Gouverneur.
L'indépendance manifestée à l'égard de GW Bush et ce combat écologiste font immédiatement changer son image de marque et sa cote de popularité remonte significativement.
A quelques semaines du vote de début novembre 2006, Arnold Schwarzenegger a retrouvé le coeur des Californiens et repris la tête des sondages.
La quatrième étape, ce sont les deux dernières années du mandat qui croule sous la dette avec les mesures de rigueur qui font naître l'impopularité. La "magie" n'opère plus et en pleine vague républicaine, la Californie fait exception : le parti démocrate rafle toutes les victoires significatives. C'est le départ manqué.