PLAN DE TRAITEMENTS POUR LES VOLAILLES
Ce plan consiste à établir un calendrier des traitements à faire de façon systématique et sans attendre que les volailles soient malades. C'est une pratique qui s'est généralisée dans les grands élevages pour les diverses vaccinations, les vermifuges et les anticoccidiens.
Beaucoup de petits ou moyens éleveurs sont souvent à la recherche d’un plan de traitements pour la basse‑cour, ou pour des lots de volailles plus importants. Il est très difficile de leur donner satisfaction de façon honnête et adaptée à leur cas et nous allons voir pourquoi.
Il y a une différence considérable entre l'élevage industriel où les volailles sont en lots du même âge et bien sûr d'une même espèce, élevés dans des locaux qui ont été nettoyés et désinfectés avant leur arrivée, et l'élevage familial ou amateur, dans lequel les volailles sont au sol, avec un parcours extérieur qui peut être très vaste ou au contraire très réduit et dans lequel le sol en terre constitue une réserve incontrôlable et variable de diverses maladies parasitaires.
L'alimentation est un autre facteur de différences importantes: dans un cas, elle est équilibrée et correspond aux besoins de l'âge et de l'espèce, dans l'autre cas, elle est variable, souvent arbitraire et presque toujours carencée, ce qui amène une sensibilité plus élevée aux diverses maladies: le manque de vitamines, de protéines, rend les volailles bien plus sensibles aux infestations, notamment par les vers.
LE SOL
Le sol est le réservoir de la plupart des maladies parasitaires courantes: coccidiose et vers. Ces parasites s'y trouvent sous des formes très résistantes: oeufs pour les vers, ookystes pour les coccidies; ces formes survivent environ un an dans le sol et résistent aux divers désinfectants.
L'infestation du sol dépend du nombre de volailles au mètre carré et de l'humidité habituelle du sol; un sol humide la favorise. Le sol est aussi à l'origine de la tuberculose fréquente dans les petits élevages. Le bacille tuberculeux peut y survivre 12 à 14 mois au moins.
Les conditions sont donc très variables d'un élevage à l'autre et entre le parcours utilisé année sur année pour des bandes de volailles, et celui qu'on emploie pour la première fois, il y a autant de différence qu'entre l'enclos de 5m x 5m utilisé pour 20 poules et la ferme où les poules sont en liberté totale. Il faut cependant noter que cette liberté totale peut aussi être trompeuse, car, à côté des espaces pratiquement sains, fréquentés par les volailles, il reste les environs immédiats du poulailler, où on les nourrit et où elles séjournent plus longtemps; certaines races de volailles sont en outre peu actives et, même libres, restent toujours aux environs de leur poulailler, augmentant la densité effective de volailles par mètre carré, donc les risques de contamination.
L'ALIMENTATION
La tradition veut que l'on nourrisse les poules avec du grain et cela leur a convenu tant que l'on s'est contenté d'une ponte de 90 à 110 oeufs par an et de poulets bons à manger à 5 mois. Cela allait de pair avec des poules dites «de ferme», à croissance lente, à besoins nutritifs réduits et que la nécessité amenait à rechercher sans cesse des suppléments dans la nature: vers, escargots, insectes, quand elles le pouvaient (poules en liberté). Même pour ces poules peu exigeantes, une telle alimentation était insuffisante si elles étaient enfermées sur un petit espace, insuffisance en partie compensée par la distribution de déchets divers et de verdure.
L'évolution de l'élevage industriel a conduit à la création de souches de volailles répondant à des objectifs précis : ponte élevée (250 à 300 oeufs par an), à une croissance rapide (2 kg en quelques semaines). La rusticité, en dehors des conditions d'élevage prévues, l'activité (recherche des aliments dans la nature), la frugalité, sont des qualités que la sélection a laissées de côté, car elles étaient en dehors des buts recherchés. Or, ce sont ces souches que l'on trouve maintenant partout et qui, peu à peu, se sont introduites dans les petites basses‑cours où on veut les élever comme les poules de ferme d'autrefois.
Dans de telles conditions, elles font souvent moins bien qu'elles et elles sont dans un état de santé, de résistance aux maladies, déplorable.
Selon que le petit éleveur nourrit ses poules au grain (croyant leur assurer une alimentation parfaite) ou qu'il emploie un aliment complet, les conditions de résistance aux maladies sont totalement différentes.
LE PROBLEME
On voit que si l'on combine ces différentes conditions d'élevage, on obtient un très grand nombre de cas et, même en simplifiant à l'extrême, on ne peut pas les classer en moins de 8 à 10 cas, correspondant chacun à un plan de traitement différent.
Nous avons essayé de répondre cependant à cette demande des petits éleveurs, et nous reproduisons ci‑après, ces plans de traitement contre la coccidiose et les vers
LA COCCIDIOSE
C'est une maladie des jeunes sujets et elle est grave surtout chez les poulets entre 4 et 10 semaines (elle est hémorragique le plus souvent à cet âge), mais des formes plus lentes peuvent exister chez les poulettes jusqu'à 4 à 5 mois. Il n'y a jamais à traiter les volailles au-delà de cet âge ; les aliments pour poussins contiennent des préventifs en général très efficaces, mais leur dose est calculée pour agir chez des poulets qui mangent uniquement cet aliment. Si la quantité d'aliment est réduite de plus de 10 à 15 % par des distributions de céréales, la maladie peut se manifester plus ou moins gravement, selon la réduction de la dose et les conditions d'hygiène et d'infestation du sol.
LES VERS
Ces parasites de l'intestin sont très répandus, surtout les ascaris, sans parler des hétérakis encore plus courants, mais peu dangereux, ou des capillaires très pathogènes.
Nous voudrions insister ici sur quelques points :
Les jeunes sujets, jusque vers l'âge de 6 à 7 mois et surtout plus jeunes, sont bien plus sensibles aux parasites que les adultes. Pour un même nombre de vers un poulet sera maigre, anémié et pourra même mourir surtout s'il a des capillaires (très fins et invisibles à l'oeil nu en pratique), alors qu'une poule adulte les supportera assez bien sans amaigrissement, avec cependant une baisse de ponte. Il y a un phénomène de résistance et d'accoutumance. De plus, dans un même milieu donc à contamination égale du sol, la poule adulte est moins parasitée, car chez elle un grand nombre de parasites sont éliminés sans arriver à se fixer (immunité).
Cette différence de sensibilité entre jeune et adulte, se retrouve, à âge égal, entre un sujet carencé mal nourri et un sujet bien alimenté, de façon équilibrée, qui résiste beaucoup mieux.
LES TRAITEMENTS
Si l'on donne aux jeunes volailles, un aliment composé supplémenté, comme nourriture unique, les risques de coccidiose sont très limités. Néanmoins, il est toujours prudent d'avoir sous la main un sulfamide anticoccidien à action rapide car si la maladie se déclare, il faut intervenir très vite.
Contre les vers, on utilise des vermifuges différents suivants que l’on a affaire à des ascaris, des capillaires ou des ténias. Dans le cas où l'on donne régulièrement des compléments alimentaires adaptés, notamment à base d’extraits végétaux, les traitements antiparasitaires peuvent être espacés.
LES VACCINATIONS
A côté des parasites, se pose le problème des maladies contagieuses, dues à des microbes et à des virus, et il n'est pas rare que de petits éleveurs demandent un «vaccin contre toutes les maladies».
Il est évident que cela relève de l'ignorance de la diversité de ces maladies et qu'il faut sans doute en rechercher l'explication dans l'ancienne expression «La maladie des poules» comme s'il n'y en avait qu'une.
Il est donc impossible de vacciner contre toutes les maladies, car contre certaines (tuberculose, coryza) on ne peut pas vacciner et pour celles contre lesquelles on peut vacciner (maladie de Marek, peste (Newcastle), bronchite, variole, typhose, choléra) les vaccins ne s'emploient pas de la même façon, ni au même âge; en général la vaccination est faite en plusieurs fois (rappels), certains vaccins sont injectables, d'autres se donnent dans l'eau, d'autres en nébulisations. Il n'y a donc pas une vaccination simple et unique mettant à l'abri de tous les risques. Et d'abord quels sont ces risques ?
L'IMPORTANCE DES MALADIES INFECTIEUSES
Dans les petits élevages cette place est très faible et si l'on met à part le coryza‑CRD et la tuberculose contre lesquels on ne peut pas vacciner, les maladies infectieuses ne représentent pas plus de 2 à 3 % des cas qui se présentent dans les petits élevages. On peut donc considérer que pour éviter en partie ce faible risque, il faudrait faire des vaccinations nombreuses, et compliquées, voire impossibles pour un petit éleveur et de plus coûteuses car ces vaccins ne sont en général pas présentés en petits conditionnements.
Chez l'éleveur moyen de quelques centaines de sujets, les conditions correctes de logement, d'hygiène et d'alimentation éliminent au moins 80 % des causes de problèmes rencontrés en basse‑cour et le risque des maladies infectieuses est plus important en valeur relative par rapport à l'ensemble des causes de maladie. Il n'est pas plus important en valeur absolue mais le fait que, pour ce type d'exploitant, l'élevage représente un revenu, justifie des mesures de protection, contre ce risque même faible.
Les maladies que l'on peut retenir en petit élevage sont donc la tuberculose contre laquelle on ne peut rien, et le «coryza‑CRD» englobés sous le terme de «maladies respiratoires» qui sont fréquentes. Que peut‑on faire, outre le traitement curatif quand elles sont déclarées, puisqu'aucune vaccination n'est possible ?
Chez les jeunes sujets on peut prévenir leur apparition ou au moins diminuer leur gravité par des traitements systématiques avec des compléments alimentaires bien adaptés.