La saison 2 de True Blood avait réussi à surpasser sur tous les points la première (ainsi que les romans de Charlaine Harris), Alan Ball ayant eu la bonne idée de pousser jusqu’à son paroxysme le côté « série B décomplexée » de sa série. Le revers de la médaille, c’est que les attentes étaient d’autant plus grandes pour la troisième année de la série, dont le menu (sexe, sang, vampires et loups-garous) s’avérait carrément alléchant. Malheureusement, c’est une semi déception qui attend ici les fans de la série.
Cette troisième saison continue bien évidemment sur la lancée des deux premières, proposant un spectacle gentiment taré, très gore et sexué (on aura ici droit à une torride étreinte homosexuelle entre Eric et un autre vampire), mais elle peine cette fois à développer des intrigues intéressantes. La plus grosse qualité de la saison 2 était de laisser autant de place aux personnages secondaires (Sam Merlotte, Jason Stackhouse, Tara) qu’au couple Sookie-Bill. Une façon intelligente de s’éloigner des livres et de leur intrigue linéaire, tout en développant un univers très riche. Alan Ball et ses scénaristes tentent ici de reproduire la formule magique, mais peinent à réitérer l’exploit. La faute à un trop grand nombre d’intrigues secondaires (là où la saison 2 proposait deux grandes intrigues principales en parallèle), parfois peu passionnantes (les histoires d’amour de Jason Stackhouse et de Lafayette, similaire et n’apportant que peu aux personnages, la famille de Sam, une sous-intrigue qui tourne vite en rond).
Le plus passionnant ici, une fois n’est pas coutume, c’est l’exploration de l’organisation de la société vampirique, et des relations contrariées entre Sookie, Bill et Eric. Le charismatique Eric prend ici beaucoup plus d’importance, ce qui n’est un bon point, tant le personnage s’avère plus intéressant que Bill (un peu à l’image de Spike et Angel dans Buffy). Mais même Bill aura droit à un traitement de faveur lorsque certaines zones d’ombres de son passé seront dévoilées, et que les réelles motivations de son engagement envers Sookie seront remises en question. Bref, le triangle amoureux fonctionne à plein pot, malgré un léger cafouillage lors de l’apparition du personnage d’Alcide, nouveau love interest un peu en trop, et loup-garou de son état. Des loups-garous un peu sous-exploités aussi dans cette saison. Alors qu’ils devaient être une des vedettes du show, ils sont peu à peu réduits à l’état d’hommes de main sans intérêt. Les différentes sous-intrigues mises en place sur la meute sont rapidement abandonnées et passées sous silence, et on ne comprendra jamais vraiment leur mode de fonctionnement.
Malgré ces quelques carences scénaristiques, cette saison 3 reste très agréable à suivre et propose de nombreux moments forts. L’arc scénaristique mettant Tara aux prises avec un vampire psychopathe est particulièrement réussi, à la fois drôle et effrayant. On en apprend aussi plus sur l’organisation du monde vampirique, sur les rois et reines vampires, leurs liens avec les politiciens, etc. Alan Ball et son équipe en profitent aussi pour taper une fois de plus allègrement sur le fanatisme religieux (ici personnifié par l’Ordonnateur et son obsession de la pureté du sang vampirique) et sur les magouilles politiques ou l’exploitation de la misère humaine (la frère de Sam obligé de participer à des combats de chien à cause de sa condition de métamorphe). On appréciera aussi le tournant tragique pris par la touchante histoire d’amour entre Hoyt et la vampire Jessica, ainsi que l’arrivée de l’excellent personnage de Russel Edgington, roi vampire du Mississipi (interprété par le génial Denis O’Hare).
Au final, si cette saison 3 n’arrive pas au niveau de la seconde (ni même de la première), la faute à une trop grande dispersion des intrigues, elle comporte tout de même suffisamment de moments forts pour retenir l’attention. Et les multiples cliffhangers de fin de saison laissent augurer d’une orientation différente pour la saison 4…
Note : 7/10