Pas un jour ou presque ne s’est écoulé en 2010 sans une annonce dans le monde du numérique. Nouveautés, rachats en cascade par les géants du secteur (Google et les autres) ou tentatives de rachats sur des acteurs prometteurs (Twitter par exemple), sortie du film The Social Network sur l’histoire du fondateur de Facebook, médiatisation de WikiLeaks et de son fondateur Julian Assange en fin d’année.
2011 viendra confirmer les tendances passées avec une accélération pour les applications et le marché du cloud computing (Salesforce, Amazon, langage Ruby on rails, etc.). Le cloud computing verra de nouveaux entrants et un repositionnement d’acteurs non informatiques sur ce secteur porteur. Les centres de données (data centers) vont évoluer en étant de plus axés sur le cloud computing avec la dimension Green IT pour l’optimisation de leur localisation. Les outils en entreprise feront de plus en plus appel au cloud au-delà de Chrome OS de Google. Pour illustrer cette montée en force du cloud computing, le Syntec numérique a publié un livre blanc sur la sécurité du cloud
La mobilité pour sa part va poursuivre son essor considérable avec le boom des smartphones : iPhone, Blackberry, Google phone, etc. Le système d’exploitation pour smartphone, Android, a de beaux jours en perspective de même que l’App Store qui est une des vaches à lait d’Apple. Le succès des tablettes numériques va également se confirmer. Elles trouveront une place à côté des ordinateurs portables sans les remplacer. L’iPad 2 qui devrait comporter la caméra qui faisait défaut à l’iPad est attendu, de même que l’iPhone 5. Apple, tout comme Google continuera d’avoir le vent en poupe. Certains prédisent même un rachat de Facebook par Apple...
Après l’arrivée des premiers Community managers dans l’entreprise, 2011 sera l’année de la maturité des réseaux sociaux. Professionnalisation dans l’entreprise avec des mécanismes d’alerte et de réaction plus efficace notamment pour la gestion des crises (les échecs de Nestlé/Kite Kat ou de présences timides contreproductives de grandes enseignes sur les réseaux sociaux sont autant de pistes à explorer pour assurer une présence efficace de son organisation sur ces outils 2.0). Facebook et Twitter vont continuer dans la recherche de la monétisation de leur audience et dans leur équation économique. Facebook devrait frôler le milliard de comptes fin 2011 alors que Twitter se rapprocher des 500 millions. Diaspora et les réseaux sociaux alternatifs seront à suivre même s’ils n’ont pas la taille critique, leur intérêt réside dans l’absence de "droit à l’oubli" sur Internet et la non utilisation des données personnelles qui pourraient être faites par certains acteurs des réseaux sociaux qui n’hésitent pas à changer leurs conditions générales d’utilisation au fil des mois. Un relais de croissance des réseaux sociaux est celui de la mobilité, ce qui laisse un boulevard la géolocalisation avec des applications commerciales pour Foursquare, Facebook Places. Enfin, très attendue est l’arrivée de Google sur ce secteur avec son produit Google Me. L’avenir nous dira si Google, hormis Orkut qui fait de la résistance au Brésil et ses échecs avec Wave, trop novateur, et Buzz, peut peser sur le marché des réseaux sociaux comme sur celui de la recherche sachant qu’il devra proposer des services différenciants par rapport à Facebook et complémentaires de ses outils pour percer.
En ce qui concerne la télévision, 2011 sera la fin du signal hertzien et le passage à la télévision entièrement numérique, ce qui permettra de réallouer des fréquences (ce que l’on appelle le « dividende numérique »). La télé 3D poursuivra timidement sa croissance, ses facteurs clés de succès étant le prix (descendre sous les 1 000 euros) et l’offre de programmes proposé (un Avatar ne fait pas le printemps). Enfin et surtout la télé connectée (Google TV) via du contenu en provenance de YouTube etc. devrait se généraliser. On pourrait même avoir des smartphones qui jouent le rôle de télécommande de ces télés. Quant aux autres applications 3D, si le marché des photocopieurs n’est pas encore mûr pour l’entreprise, en revanche, le boom va se poursuivre pour les jeux vidéos et les capteurs de mouvement Kinect vont faire des avatars chez les concurrents de Microsoft.
La gouvernance d’Internet, pourtant moins visible que les applications ou les produits développés, sera un enjeu majeur en 2011 avec une série de sujets : pénurie d’adresses IP par exemple. La neutralité du net, principe fondateur d’Internet, est de plus en plus remise en question avec des enjeux financiers (nous l’avons vu avec l’accord Google/Verizon en 2010). Le combat entre les acteurs (régulateurs omnipotents comme l’ICANN qui tarde à libéraliser les noms de domaine d’une part et sociétés géantes du Web comme Google, Microsoft, Amazon d’autres part sans oublier les opérateurs de télécoms va s’intensifier). Chacun essaiera de revendiquer une légitimité avec une course aux standards, un combat entre monde propriétaire et solutions ouvertes, etc.
Les sites vont davantage opter pour HTML 5, CSS 3 pour notamment une meilleure prise en compte par les moteurs de recherche de certains contenus (par ex. balises de localisation du contenu).
Le géopolitique du numérique restera toujours très américaine avec quelques initiatives françaises à signaler, comme www.pearltrees.com qui poursuit son ascension ou http://scoop.it, plate-forme de publication qui contrairement aux plates-formes de blogs ne fonctionne pas par création de contenu mais par "content curation" où l’on sélectionne les contenus les plus pertinents et les partager avec l’audience de son choix. La politique française en matière de numérique se heurte toutefois à une fiscalité pénalisante. La taxe dite Google sera en 2011 finalement l’objet d’une création d’une Commission avec des acteurs y compris P. Kosciusko-Morizet.
Selon IDC, la croissance des dépenses en technologies de l’information dans le monde pourrait approcher les 5,7 % en 2011. Elle sera modérée sur le matériel et le logiciel mais se fera surtout dans les services et les pays émergents.
Le cabinet Gartner souligne pour sa part les risques d’attaques à l’encontre des systèmes financiers, des équipements industriels et du parc mobile après l’attaque du ver Stuxnet en 2010.
Fin 2011, nous devrions avoir 74 % d’internautes à domicile en France, ce qui reste une mauvaise position par rapport aux autres nations de l’Union européenne. La croissance du e-commerce en France pour sa part devrait être comprise entre 26 et 34 %.
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