Et bien, à l’aube de 2011, le nouveau capitalisme mondial ressemble étrangement à l’ancien : l’innovation, le profit, l’échange restent pour notre temps, les seuls moteurs connus du développement. Seules les banques sont soumises à quelques nouvelles règles, modestes, propres à renforcer leur sécurité : elles sont surtout, spontanément, devenues plus prudentes. Les riches continuent donc à s’enrichir mais, partout dans le monde, s’élèvent en masse de nouvelles classes moyennes. Les véritables victimes sont les peuples incarcérés par leur gouvernement dans des économies non capitalistes et non mondialisées.
Ce capitalisme global n’a-t-il pas été sauvé par les interventions publiques ? De fait, rendons grâce aux gouvernements du G20 pour n’avoir pas fermé les frontières comme en 1930, ni allumé l’inflation comme en 1975. “Ne pas nuire”, en économie comme en médecine, est la première vertu. Sans doute, devrait-on pareillement se féliciter de l’action des banques centrales : au contraire de 1930, elles ont abondé le marché en liquidités, ce qui a empêché la panique des épargnants mais sans relancer pour autant la croissance. La relance ne procède jamais que des entrepreneurs : ne pas nuire à l’économie exige de ne pas faire fuir les entrepreneurs.
Le regain attendu de la croissance dans les pays développés en 2011, en particulier aux États-Unis et en Europe, ne devrait pas résorber pour autant le chômage. La “croissance sans l’emploi” devient une norme regrettable dans ces régions, essentiellement parce qu’une partie de la population n’est pas qualifiée pour des emplois complexes, tandis que les métiers manuels sont exportés là où les salaires sont bas. Il n’existe pas de solution à court terme, sauf à baisser les salaires, ce qui est socialement inconcevable. Il reste à élever le niveau de l’éducation, ce qui exigera une génération. On devrait aussi envisager sérieusement l’hypothèse de la réindustrialisation. On en perçoit des signes aux États-Unis, où General Electric, par exemple, rapatrie certaines fabrications. De nouvelles techniques (nanotechnologies) et la crainte fondée de se voir dérober les secrets de production rendent la réindustrialisation viable. 2011, An 1 de la réindustrialisation ?