Auteur :Khaled Al Khamissi
Titre : Taxi
Edition : Actes sud 2009, 190 pages
Quatrième de couverture : Portant chacune sur un aspect particulier de la vie sociale, économique ou politique en Egypte, ces cinquante-huit conversations avec des chauffeurs de taxi du Caire composent un tableau fascinant de ce pays à un moment clé (avril 2005-mars 2006) du règne du président Hosni Moubarak – qui sollicitait alors un cinquième mandat. Tout y est, en effet : les difficultés quotidiennes de la grande majorité de la population, la corruption qui sévit à tous les échelons de l’administration, l’omniprésence et la brutalité des services de sécurité, le blocage du système poli-tique, les humiliations sans fin que la population subit en silence, les ravages du capitalisme sauvage… Consignés en dialecte égyptien avec un humour décapant et un admirable sens de la mise en scène, ces échanges librement reconstitués par l’auteur, sinon entièrement inventés par lui, relèvent à la fois de la création littéraire et de l’enquête de terrain. S’ils font connaître les griefs des « gens d’en bas », ils laissent aussi entrevoir les raisons pour lesquelles le pouvoir en place tient bon mal-gré sa décrépitude et son impopularité. C’est sans doute cette combinaison inédite de lucidité politique, de tendresse pour les plus faibles et d’humour qui explique la diffusion de Taxi, dans sa version originale, à plus de cent mille exemplaires.
J’avais peur de m’ennuyer un peu, car le livre garde le même cadre, à savoir l’intérieur d’un taxi, souvent en mauvais état. L’auteur raconte sans se dévoiler, limite ses interventions par de petites questions, donnant rarement son avis ou tout simplement un hochement de tête. Et non, je ne me suis ennuyé!
Ce livre est une peinture, une sorte de mosaïque, dont les petites histoires individuelles montrent un ensemble à la fois misérable et doux, laid exaspérant, et des fois même (rarement cependant), figurez-vous, serein.
Quelques histoires sont très drôle, je pense à celle qui commence page 160, où plusieurs taxis faisant la queue pour faire le plein de gaz, s’échangent quelques blagues pétillantes. Des perles même. Voyez par vous-même: « …entre un homme et une femme [égyptiens], vous savez comment ça se passe? Avant le mariage, tu parles et elle écoute. Après le mariage, elle parle et tu écoutes. Après trois ans de mariage, tu parles, elle parle et tout le quartier vous entend hurler ».
L’image de l’Égypte ici, comme la quasi totalité des pays africains, n’est pas très reluisante. Une démocratie (très mal mise en scène, donc on peut appeler ça une dictature!) qui tente de se cacher derrière un pseudo nationalisme, toutes les injustices qui en découlent, la corruption qui atteint des seuils incroyables et l’intégrisme ainsi que toutes sortes d’extrémismes religieux qui en résultent. Tout ceci donne une marmelade (ou chekchouka) au goût aussi amer (ou épicé) qu’insupportable.
L’auteur, Khaled Al Khamissi est né au Caire. Il est producteur, réalisateur et journaliste. Diplômé de sciences politiques de l’université du Caire et de relations internationales de l’université de Paris-Sorbonne, il a publié en 2007 ce premier livre, devenu rapidement un best-seller et aussitôt traduit en plusieurs langues européennes. Son deuxième opus, Safinat Nûh (L’Arche de Noé), paraîtra au Caire à la fin de 2009.
Cette lecture rentre dans le cadre du challenge Tour du monde
organisé par Livresque.Pays N°13: L’Égypte
. Prochaine escale : le CamerounFiled under: analyse, Challenge, Critiques, Culture, littérature, Livres, roman, Tour du monde Tagged: Culture, Egypte, Khaled Al Khamissi, littérature, Livre, taxi, tour du monde