C’est une perte douloureusement ressentie : André Cavin s’est éteint le 1er janvier. La communauté des essais en vol et, au-delŕ, l’aéronautique française tout entičre, a perdu l’un de ses acteurs les plus remarquables, un peu oublié dans la mesure oů il était né en décembre 1924 et avait oeuvré il y a longtemps, c’est-ŕ-dire dans les années flamboyantes de l’immédiat aprčs-guerre, de l’Ouragan ŕ Concorde.
Sorti de l’Ensam en 1946, de l’EPNER l’année suivante, ingénieur navigant d’essais de haut vol, André Cavin représentait, ŕ lui seul, trois décennies de renouveau de l’aviation française avec un palmarčs hors du commun : ingénieur de marque de onze programmes militaires importants, dont le Mirage IV, de deux programmes civils qui ont marqué leur temps, Mystčre 20 et Concorde. Il collabora aussi, toujours au titre des services officiels, au développement des Triton, Leduc 021, Etendard, Magister, Mercure, etc. Et, avant cela, au Latécočre 631.
André Cavin était un homme d’une grande modestie qui éprouvait de sincčres difficultés ŕ évoquer son parcours professionnel exemplaire. Elu membre d’honneur de l’Académie de l’air et de l’espace en 2008, il s’en était étonné ! Il était souriant mais discret. Sa mémoire encyclopédique était d’une irremplaçable utilité pour les historiens (1).
Mieux, André Cavin était exemplaire, c’est-ŕ-dire ŕ l’image d’une génération d’ingénieurs et pilotes d’essais qui avaient tout donné ŕ leur profession, en des moments exaltants, avant de se retirer, le devoir accompli, sans plus faire parler d’eux. Un sacré bonhomme !
P.S.
(1) André Cavin avait aidé les auteurs d’une ŤEpoquée françaiseť, ouvrage publié récemment chez Pascal Galodé, une évocation des années cinquante conduite par André Turcat avec Germain Chambost et l’auteur de ces lignes.