CHRONIQUES D'UNE PROF QUI EN SAIGNE
Un titre qui interpelle, une couverture attrayante, à peine repéré chez Keisha, me voilà à la recherche de ce livre!
C'est que j'ai échappé de peu à ce destin tout tracé (que je m'étais choisi n'empêche en pensant que ça allait être une belle aventure - et puis une petite expérience en Angleterre m'a convaincue
que ce n'était pas ma vocation
J'étais d'autant plus enthousiasmée par l'idée de lire les (més)aventures de cette prof d'anglais au collège qu'elle est de ma génération (ça se trouve on était à la même fac
Ce qui m'a conquise d'emblée, c'est le style. Princesse Soso a de l'humour à revendre et on se poile à quasi chaque ligne. Elle assume son côté girlie, funky, très dans l'air du temps, j'ai trouvé ça franchement amusant de la lire.
Sous un humour caustique et un peu défouloir, elle pointe du doigt mine de rien les problèmes de la génération actuelle de djeuns, liés entre autres à l'absentéisme parental en terme éducatif
(n'en faisons pas une généralité cela dit), aux objectifs inadaptés des hautes sphères de l'Education nationale qui ont parfois des oeillères (j'ai trouvé excellent l'appellation de Ray Ktora)
(j'ai mis du temps à percuter cela dit
Pas évident d'assumer son rôle de prof dans ces conditions, surtout quand on n'y est pas formé correctement à la base (j'ai trouvé ça très vrai l'incohérence du cursus universitaire pour ceux qui se destinent à l'enseignement, surtout en anglais. Ce n'est pas uniquement en sachant faire des commentaires de textes de Shakespeare qu'on peut forcément maîtriser des classes de monstres en détresse ou transmettre un savoir).
J'ai halluciné du comportement de certains parents, j'étais pliée de rire à la lecture de l'épisode "msn", j'ai beaucoup aimé les parallèles entre l'époque où elle était adolescente et ses aspirations d'alors (une trousse Chevignon et plein d'autres trucs qui montrent qu'on était encore bien mimis et innocents comme il faut) et celles de ses élèves qui en sont au sac Prada et autres désirs démesurés. Côté langage, on a affaire à des petits caïds, les termes affectifs entre potesses m'ont fait halluciner (et bien marrer aussi). Une génération qui a évolué de façon inattendue et par moment, inquiétante, il faut le dire.
J'ai trouvé impressionnant aussi sa maîtrise de différents niveaux de langage, le très officiel prôné par Ray Ktora (où là, il faut un décodeur), le langage djeuns (où là, il faut un décodeur, surtout avec le style sms), et puis le langage de tous les jours qui peut inclure du je-me-lâche-à-donf mais au moins tout le monde comprend.
En bref, un livre fort divertissant et drôle sur un sujet bien plus douloureux qu'il n'y paraît.
En bonus, le blog de l'auteure, aussi déluré que ce livre.