Le président Bush avait un tempérament inadapté à la présidence. Il n’était pas bête, mais pire: délibérément ignorant. Il a essayé presque avec joie une ingénierie sociale sur des terres dont il ne connaissait rien. Bush voyait les nominations au gouvernement comme le fait de remplir les bureaux d’une fraternité. Le critère de la connaissance des faits était non pertinent, tout comme la compétence et l'expérience. Au lieu de cela, il préférait les copains, les partisans, les courtisans, et surtout les « loyalistes ».
Le président jugeait également les personnes et les informations selon qu'ils correspondaient à ses présupposés idéologiques. Ceux qui suggéraient que les événements en Irak contredisaient son scénario optimiste se faisaient révoquer pour cause de défaitisme. La philosophie du président Bush était encore pire que son mode de prise de décision. Il a abandonné la plupart des principes conservateurs, ou du moins le principe du gouvernement limité, une fois entré en fonction. Cela a été une présidence que seul un étatiste engagé pouvait vraiment apprécier.
Premièrement il y a les dépenses. George W. Bush a transformé un important excédent en un énorme déficit. Le Congressional Budget Office a indiqué une détérioration de $ 13 milliards dans les finances du gouvernement fédéral sur 10 ans. Le facteur le plus important a été une augmentation des dépenses. Il est difficile de trouver un programme pour lequel les dépenses n'ont pas augmenté sous l'administration Bush. En effet, une grande partie des dépenses de sauvetage, reproché au président Obama, comme le Troubled Assets Relief Program (TARP), a commencé sous Bush.
Deuxièmement, Bush croit en un gouvernement limité et au fédéralisme que lorsque cela l’arrange. Sa législation No Child Left Behind a élargi le contrôle national centralisé sur l'éducation. Le président ne voyait aucune limite au pouvoir politique national central.
Troisièmement, Bush a adopté un bellicisme optimiste et incompétent comme fondement de sa politique étrangère. Après avoir minimisé à tort la menace posée par Al-Qaïda, l'administration Bush renversa le gouvernement taliban après le 11 septembre. Mais l'administration envoya trop peu de troupes pour capturer les chefs d'Al-Qaida, accepta en toute insouciance le double-jeu fatal des pakistanais en Afghanistan, et retira prématurément les forces américaines en vue d'attaquer l'Irak. Par conséquent, neuf ans plus tard, l’Amérique est engagée follement dans une inefficace et sanglante « construction de nation ».
En Irak, le Président a traité de manière désinvolte la décision la plus grave que peut faire un président. Lui et ses proches collaborateurs ont simplement supposé le succès, ignorant les faits sur le terrain, omettant de planifier les contingences évidentes, dédaignant les conseils de l'extérieur, envoyant trop peu de personnel militaire, et essayant de diriger l’Irak de Washington.
Il n'y avait pas d'armes de destruction massive à trouver ni de terroristes à déraciner. Pourtant, près de 5.000 Américains et autres militaires alliés sont morts. Des dizaines de milliers ont été blessés, dont de nombreux mutilés. Les meilleures estimations du nombre d'Irakiens morts commencent à environ 200.000, et les plus pessimistes montent vers le million. La violence reste répandue et l’avenir de l'Irak demeure, au mieux, incertain.
Dans le même temps, l'Iran a été considérablement renforcée et les terroristes anti-américains ont gagné un autre grief pour recruter des acolytes. En Irak, les Etats-Unis ont à ce jour a gaspillé 750 milliards de dollars, avec au moins un autre billion de dollars ou davantage qui sera consacré aux soins des blessés américains dans les années à venir. Les forces militaires américaines ont été affaiblies.
Enfin, selon le président, ce dernier pouvait déclarer une guerre sans fin dans laquelle les États-Unis étaient le champ de bataille. Il pouvait engager de vastes activités de surveillance, de perquisitions et de saisies, et des arrestations sans supervision ou responsabilité judiciaire d'aucune sorte, que ce soit de la part du Congrès ou des tribunaux.
Un président pouvait ordonner l'arrestation d'un citoyen américain sur le sol américain et le détenir sans contact avec l’extérieur - pour aussi longtemps que souhaité. Et il pouvait aussi ordonner que des captifs soient torturés.
Sans doute le plus frappant est l'affirmation du président Bush que ces pouvoirs étaient à la fois non susceptibles de contrôle et perpétuels. Aussi longtemps que lui, ou tout autre président, décidait que la « guerre contre le terrorisme » continuait, le chef de l’exécutif de l'Amérique était un dictateur élu.
« Je vous manque déjà ? *» pouvait-on lire sur des panneaux d'affichage avec George W. Bush. « Non, pas du tout » a-t-on envie de répondre. Les séquelles de son passage à la Maison blanche ne peuvent être réparées. Même après deux ans. Même après 20 ans. Ou davantage.
Le président Bush devrait retourner à sa retraite au Texas. Il peut vivre sa vie, contrairement à ceux qui sont morts dans ses guerres. Si le Parti républicain espère retrouver son rôle en tant que parti au pouvoir de l'Amérique, il devrait apprendre de l'administration Bush pour savoir quoi ne pas faire.
Doug Bandow, ancien assistant spécial du Président Ronald Reagan, est analyste au Cato Institute à Washington DC.
* « Miss me yet ? »