Je ne sais pas si le titre permet d’attirer l’attention, plus que le retour nostalgique vers un film des années soixante, mais en tout cas, il me vient en recherchant quelques-unes des étapes européennes de ces derniers mois, étapes dont je n’ai pas même eu le temps de parler tant les voyages se sont enchaînés.
L’idée pouvait sembler étrange de prime abord. Parcourir une dizaine de kilomètres à pied dans la campagne toscane, très exactement en province de Sienne par un beau samedi d’automne n’est pas donné à tout le monde. Un petit bonheur ordinaire en somme ! D’autant plus si les nuits et les repas se passent dans une magnifique ferme reconvertie où la lumière vient lécher l’aube dans le flambeau des vignes vierges.
Mais il n’y a rien là d’extraordinaire pour ceux qui ont l’habitude de marcher,si ce n’est l’idée de parcourir, dans le lieu même du « paysage représenté », apparu à la Renaissance, à une période plutôt fraîche de l’année, l’une des plus belles terres d’Europe.Partez tout de suite marcher là, entre Strove et Monterigionni ! J’y ai déjà rencontré plusieurs fois une forme d’absolu !
Seule la compagnie en fait, valait étrangeté. Peu d’entre-nous étaient en effet de vrais marcheurs. La marche était donc plus symbolique que sportive et réunissait plusieurs députés européens sous la conduite de Silvia Costa, ainsi que des élus régionaux, des amis proches et plus lointains de la Via Francigena.
Je m’aperçois que je parle beaucoup en public dans de telles occasions, trop peut-être, à l’intention de ce petit monde d’une dizaine de milliers de partenaires, de ce qui constitue ma passion. Je parle mais j’écris peu encore sur la dimension humaine de ces curieuses rencontres qui gardent en effet un aspect un peu privé, vaguement politique, dont on peut espérer qu’elles ouvrent le regard et suscitent sinon l’attention des politiques, du moins celle du public, sur le travail qui constitue mon quotidien et qui doit devenir une “offrande” européenne plutôt qu’une offre touristique.
Sur ces marches là, ces découvertes, ces moments de plaisir, ces étapes dans ma vie professionnelle, je dis peu. Et pourtant je le devrais.
Une journaliste faisait l’autre jour une remarque de bon quand le lui ai expliqué que nous devions faire les Européens si nous voulions sortir de l’impasse étroite où nous tentions de faire l’Europe. Un ensemble de chemins initiatiques, tel celui-là s’offrent en effet pour le dire, juste en lisant en marchant le rythme des collines, pour redire plutôt que des Européens sont en marche, depuis des siècles !
Elle avait commencé à m’interroger sur la nature de l’identité européenne et j’avais fini par lui répondre : « On ne peut comprendre cette identité que si on la raconte. Voilà pourquoi les itinéraires sont comme un grand livre dans lequel on parcourt physiquement des étapes. »
Et elle d’ajouter : « Un séminaire pour tous les chefs d’Etat européens serait peut-être salutaire à l’avenir de l’Union ? »
Un séminaire peut-être ? Une marche sûrement !
J’attends peu en fait des politiques hongrois qui deviennent nos présidents pour six mois pour nous aider à progresser, j’ai même beaucoup d’anxiété sur la marche droite qu’on leur demande d’organiser, mais j’attends toujours autant des chemins qui serpentent ! Il y en a aussi en Hongrie. Des chemins contemporains et d’autres qui racontent une histoire extensive dont ce pays ne devrait plus être nostalgique, mais dont les dirigeants devraient être fiers de la partager aujourd’hui avec leurs voisins.
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