Pourquoi ne jamais cesser de s’indigner ?

Publié le 03 janvier 2011 par Rsada @SolidShell

Créer, c’est résister. Résister, c’est créer.

« Le motif de base de la Résistance était l’indignation. Nous, vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre l’héritage de la Résistance et ses idéaux… 

Nous leur disons : prenez le relais, indignez-vous ! 

Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger les conquêtes de la Résistance telles que la sécurité sociale, la retraite, la nationalisation des sources d’énergie et des grandes banques, la subordination des intérêts particuliers aux intérêts généraux…, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée ? Sinon parce que le pouvoir de l’argent, tellement combattu par la Résistance, n’a jamais été aussi grand, insolent, égoïste, avec ses propres serviteurs jusque dans les plus hautes sphères de l’Etat.

Il nous appartient aujourd’hui de veiller tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers : pas cette société des sans-papiers, des expulsions, des soupçons à l’égard des immigrés, pas cette société qui remet en cause les acquis du programme du Conseil de la Résistance, pas cette société où les medias sont entre les mains des nantis et qui propose la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition de tous contre tous. 

Pour être efficace aujourd’hui, il faut agir en réseau, dans la non-violence et la conciliation de cultures différentes, se fonder sur les droits et utiliser les moyens modernes de communication… »

Extraits de : « Indignez-vous » de Stéphane Hessel aux éditions Indigène.

Commentaire de texte : Stéphane Hessel, ancien Résistant et Ambassadeur de France, ayant participé aux sessions portant création de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme en 1948, nous délivre ici un message d’espoir empreint d’une éternelle capacité de résistance.

A 93 ans, il invite les générations qui lui succèdent à ne jamais oublier, à ne pas céder au pessimisme et à ne jamais cesser de s’indigner. Il prend fermement position pour le rejet d’une société où l’homme est oublié, où l’homme est piétiné.

Stéphane Hessel refuse l’idée d’une société condamnée à tout accepter : des informations tronquées, une culture et une éducation au rabais, le règne de l’argent roi, le mépris des hommes et la négation de notre diversité.   

Il invite les plus jeunes à ne pas subir leur propre avenir mais à le construire sur des bases saines en usant des outils apportés par la modernité. FaceBook et Twitter devraient bientôt s’affoler…

Militant et engagé, Stéphane Hessel appelle les français à repenser une société qu’il estime en danger, à renouer avec la promesse républicaine d’égalité pour tous et à redécouvrir les valeurs universelles qui ont fait la France aux yeux du monde.

Une jolie leçon en forme de révolution pacifiste. Oublier c’est renoncer ! S’indigner c’est résister ! Pour que 2011 soit une grande année, il ne faudra jamais cesser de nous indigner…  

A la manière d’André Gide : « Quand je cesserai de m'indigner, j'aurai commencé ma vieillesse ».