Développement personnel
Une forêt en santé
Jean-Pierre Bellemare, prison de Cowansville.
Dossier Chronique du prisonnier, Criminalité
Ce spectacle d’une vie en perpétuelle transformation se nourrit de chaque idée qui y est semée. Le bon grain trouve naturellement sa place, les mauvais s’éteignent d’une manière naturelle sans laisser de traces mais nourrissent quand même la terre qui les a accueillis. Certaines idées, plus tenaces, profitent d’un moment d’inattention pour s’établir subtilement à travers nos chemins, dans des endroits normalement réservés à la circulation. Ces idées s’associent discrètement avec d’autres que nous avions abandonnées par désinvolture. Ensemble, elles développent une complémentarité, faussant ainsi l’origine réelle de leurs provenances. Puis, avec le temps, elles prennent les couleurs et les formes de notre environnement pour mieux nous confondre. C’est ce qui explique notre hésitation à remettre en question sa légitimité.
Le détournement de bonnes idées qui n’arrivent plus à faire leur chemin efficacement en est l’une des conséquences directes. Plus longues est la reconnaissance et l’identification d’une idée nuisible, plus difficiles est son déracinement. De là l’importance de rester continuellement vigilant à toutes les idées qui nous sont proposées. Nous devons veiller à ce qu’elles arrivent à un moment opportun, pour que nous puissions les ensemencer dans un endroit propice à une éclosion saine.
Les idées peuvent être une ressource inépuisable si nous apprenons à les gérer efficacement pour qu’elles se renouvellent d’elle-même. Pour y arriver, toutes nos interventions devraient idéalement s’effectuer en respectant d’abord sa propre nature. Par la suite, nous devons reconnaître nos ressources intérieures pour y trouver un juste équilibre, essentiel à notre développement. Ainsi, les résultats obtenus transparaîtront aisément par la diversité de nos avoirs et leurs accessibilités.
Exactement comme une forêt, notre vie comporte plusieurs champs d’action. L’ensemencement, le labourage, le cerclage, le débroussaillage, l’émondage, etc. Si chacune des tâches est accomplie avec rigueur, la forêt produit le bois nécessaire à la construction du soi. Un soi qui s’appuie sur des idées bien entretenues. Un soi agréable aux regards. Un soi qui devient un refuge lorsque nous en avons besoin. Un soi composé d’une variété d’idées qui forment un tout cohérent. Cette forêt doit devenir une réserve protégée ou seuls les mieux intentionnés peuvent y séjourner en toute quiétude.
Pour les bûcherons en mal d’exploitation, passez votre chemin, je suis capable de construire une croix ou un pont de mes propres idées.
Photos courtoisie artistes muralistes Café-Graffiti (514) 259-6900.
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