Les patients refusent de se fier à une seule source d’information -le corps médical. Ils fouillent le Net, postent des messages sur des forums, discutent entre eux de leurs traitements. Et font descendre de leur piédestal les médecins, plutôt hostiles au Net, mais qui commencent à se former à l’interactivité.
Catherine a eu un cancer du sein. Ce n’est pas son médecin qui le lui a appris, c’est Google :
« Mon médecin m’a dit que j’avais un “carcinome”. Le soir, j’ai regardé sur Google, j’ai compris que carcinome voulait dire cancer et qu’on avait sans doute voulu me protéger. Je suis devenue une patiente éclairée, ce que mon médecin n’aimait pas trop. Il me disait : “Arrêtez avec Internet ! ” »
Le professeur Bernard Granger, psychiatre à l’hôpital Cochin, reconnaît que certains malades en savent maintenant plus que lui :
« Parfois, les patients m’apprennent des choses ! Un jour, un malade m’a révélé l’existence d’interactions moléculaires entre deux médicaments.
Internet nous oblige à reconnaître encore plus nos limites. Par ailleurs, de plus en plus de patients choisissent le spécialiste à qui demander conseil après des recherches sur Internet. »
Dès 2004, des patients s’interrogent sur le Mediator
Bernard Granger lui aussi furète sur le Net, à la recherche de nouvelles informations sur un traitement ou ses éventuels effets secondaires. « Parfois, je fais une recherche sur Google devant mon patient », sourit le psychiatre.
Une initiative qui peut s’avérer salutaire, si l’on s’attarde par exemple sur les articles et posts dans les forums de patients qui donnaient l’alerte sur les dangers du Médiator. Comme l’expliquait en 2008 Catedu, patient à qui on a prescrit du Mediator sur un forum médical :
« Un endocrinologue m’a prescrit du Mediator pour perdre 5 kilos. Evidemment ça marche, ce sont des amphétamines. Il y a des effets secondaires qui touchent le cœur et le cerveau. Prenez de la cocaïne, vous maigrirez aussi ! »
En 2004, en réponse à un patient qui s’interrogeait sur les effets secondaires du coupe-faim, le docteur Dominique Dupagne, créateur du site d’information médicale Atoute.org, notait :
« C’est un médicament assez étrange, essentiellement coupe-faim par action proche de celle des amphétamines. Il a échappé à la charrette de retraits du marché concernant ses cousines. En fait, il est largement utilisé comme coupe-faim, en dehors de ses indications officielles.
Comme les amphétamines, il est excitant et peu provoquer un excès de nervosité. Tout accident survenant dans cette situation non prévue par la loi engage donc la responsabilité du prescripteur. Je ne serais pas surpris en effet qu’il soit retiré du marché à court ou moyen terme. »
Peu d’informations données aux futurs médecins
via Médecine 2.0 : le Web redéfinit le rapport patient-docteur | Rue89.