Encore un manga, encore un shōnen, c'est la débandade, vous avez le droit de ne plus passer par ici, de toute façon vous êtes, à l'heure actuelle, si peu nombreux que je devrais à peine remarquer une absence. Heureusement pour vous, pour l'instant, je parle de séries qui m'amènent à claquer du fric avec le sourire régulièrement. Quoi qu'avec Hantā X Hantā (ou Hunter X Hunter quand on fait pas genre et qu'on lit la traduction des éditions Kana), difficile de parler de régularité, Yoshihiro Togashi souffrant d'une maladie qui l'oblige à un rythme de travail... aléatoire.
C'est moche pour lui et c'est pas de bol pour nous parce qu'en dépit de menues tares, ce titre truste le haut du panier dans le genre qui est le sien. Dans un premier temps, il faut s'habituer au dessin de l'auteur, à première vue grossier (les décors... minimalistes on va dire, pour être poli, quelques visages qui serrent la glotte) mais dépositaire d'une certaine noirceur qui tranche avec la jovialité de beaucoup de ses congénères. Car même si, comme d'habitude, quelques blagounettes viennent détendre les slips, le tonalité d'Hantā X Hantā est étonnemment sombre, avec morts en pagaille, hémoglobine qui fait splotch et méchants sadiques. Lesquels sont d'ailleurs révélateurs d'un chara-design qui vaut le détour (aussi bien côté méchants avec par exemple Hisoka, pierrot-assassin insensible et mystérieux que côté héros, comme pour Kirua, jeune fils surdoué d'une lignée d'assassins) et résulte en une absence de monopole de la part de Gon, le héros.
Héros qui va devenir de plus en plus fort et terrasser des adversaires toujours plus fort, on connaît la chanson et malheureusement, à mesure qu'il avance dans son histoire, Togashi la fredonne et tue un peu l'originalité de sa création à grands coups de tirades genre "bweuhaha je vais te retourner comme une tarte tatin, je suis über-puissant". Pas de quoi atteindre les abysses de Seinto Seiya G (Saint Seiya G chez Panini) ou occulter la bonne idée du nen, l'équivalent du chakra de Naruto (chez Kana), force spirituelle malléable à l'origine de pleins d'explications tordues, ou les bonnes idées scénaristiques, comme celle de départ. Gon est ainsiun petit gamin robuste qui va se mettre à la recherche de son père, un hunter (chasseur de primes, en quelque sorte) réputé, et va pour cela passer l'examen pour lui-même en devenir un avant de s'embarquer dans des tas de péripéties impliquant des groupes avec des noms qui le font comme La Brigade fantôme. Evidemment, ce n'est pas la quête du père qui fait le sel du truc, mais bien le background à organisations multiples et cette caste de personnages privilégiés. Bref, pas besoin de glauser toute la nuit, Hantā X Hantā mérite sa place dans une bibliothèque de bédéphile (et pour être à fond, on prononce le X "cross"). Devant Naruto mais derrière Wan Pīsu. Je parle bientôt du premier. Sinon Carlos est décédé, et sans rire, ça fait chier.
Hunta X Hunta (Shueisha) - Depuis 1998
Verdict du Père Siffleur