On ne risque pas de s’ennuyer en 2011...
C’est reparti pour 12 mois d’actualité. Laquelle s’annonce d’ores et déjŕ dense et passionnée, peut-ętre passionnante, et cela sur base des seuls événements prévisibles. Autrement dit, nous serons bien occupés, toutes disciplines confondues.
Bien sűr, tout ne sera pas réjouissant, tant s’en faut. Ainsi, en matičre de transport aérien, la reprise étant acquise, rebondissements et commentaires porteront sans aucun doute sur le dossier délicat de l’AF447. Une nouvelle campagne de recherche de l’épave de l’A330 d’Air France est prévue dans les prochaines semaines, tentative de la derničre chance de retrouver les enregistreurs de vol et, peut-ętre, les données qui font cruellement défaut aux enquęteurs du BEA. Déjŕ, chacun retient son souffle.
Un autre accident, trčs ancien celui-lŕ, vient de s’inviter dans l’actualité de maničre inattendue. Il s’agit de la disparition le 11 septembre 1968 de la Caravelle Ajaccio-Nice. Une association de familles de victimes espčre encore et toujours briser le secret Défense, sachant que la théorie du missile égaré a constamment accompagné le dossier. L’affaire est relancée.
Thčme de réflexion autrement plus léger, quasiment tragi-comique, celui de la neige qui a paralysé Roissy et Orly le mois dernier. Que reste-t-il des déclarations fracassantes des politiques, défenseurs improvisés et notoirement incompétents des consommateurs ? Rien, si ce n’est que la Président de la République vient de relancer le débat. Oui, on aimerait des explications, des comptes, des propositions. Chacun les attend de pied ferme.
Côté industrie, l’agitation est permanente. Cette année 2011 sera celle de la vérité pour des programmes majeurs, Boeing 787 et Airbus A350XWB. Le premier, qui a accumulé tous les malheurs susceptibles de s’abattre sur un avionneur, et pas toujours dignes d’une grande maison, devrait enfin sortir du tunnel, avec trois ans de retard. Restera ŕ réussir la mise en production, ŕ rythme soutenu.
Les Européens, initialement distancés parce qu’ils avaient cru possible de faire du nouveau avec de l’ancien, ont remonté la pente, en męme temps qu’ils bénéficiaient indirectement des errements américains. Reste ŕ vérifier qu’ils tiendront les délais, s’ils livreront les premiers A350 dčs le second semestre 2013. C’est une véritable course contre la montre qui a commencé.
Il sera aussi beaucoup question de moteurs. Airbus, sans plus attendre, a mis sur le marché l’A320 NEO doté de moteurs de nouvelle génération. Mais, curieusement, il l’a fait sans commandes de lancement, au point qu’en en arrive ŕ se demander si le jeu en vaut bien la chandelle. Lufthansa, par exemple, solide compagnie de référence, vient de signer une nouvelle commande d’A320 et a opté pour le modčle Ťclassiqueť. Curieux ! Boeing s’interroge, cherche toutes les raisons du monde de prouver qu’il est urgent de ne rien faire. Voici de belles passes d’armes en perspective.
Autre avion dans l’actualité, le transport militaire A400M. Il a été baptisé Grizzly (Catherine Maunoury est sa marraine) alors qu’il aurait mieux convenu de l’appeler le miraculé. Il fut cliniquement mort, on l’a presque oublié, mais se porte maintenant comme un charme et devrait obtenir son certificat de navigabilité en novembre. Le soupir de soulagement sera audible ŕ travers l’Europe tout entičre.
Dans le domaine des avions de combat, le devant de la scčne sera occupé par les męmes vedettes que l’année derničre, Rafale et Joint Strike Fighter. Le premier en raison de ses Ťcontre-performancesť ŕ l’exportation (ŕ moins que le Brésil ne se décide enfin ŕ passer commande), le second parce qu’il coűte de plus en plus cher et ne tient pas les délais.
Ce n’est lŕ qu’un trčs bref aperçu de ce qui nous attend. Côté spatial, le secteur privé américain pourrait prendre le relais en matičre de vols habités. On attend de voir pour le croire et, entre-temps, succčs russes mis ŕ part, sans doute faudra-t-il se contenter pendant un bon moment des petits sauts de puce suborbitaux de Virgin Galactic. Bien sűr, ŕ Washinton, il est question de visites ŕ des astéroďdes dans une quinzaine d’années. Lŕ encore, la perplexité est de mise et n’atténue en rien la déception.
Finalement, il nous manque, encore et toujours, la part du ręve qui, jadis, donnait au monde aéronautique et spatial de bonnes raisons sans cesse renouvelées d’entretenir la passion. On est bien loin du compte, pour cause de mondialisation bęte et méchante obsédée par le retour sur investissement immédiat. Quoi qu’il en soit, nous n’avons pas le choix : nous ferons, en 2011, avec ce qu’on voudra bien nous donner. Bonne année quand męme !
Pierre Sparaco - AeroMorning
(Photo: Daniel Faget)