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Économie 2011 : comment la voyez-vous ?

Par Argoul

Peu lisible : la crise est structurelle mais les mesures prises sont conjoncturelles. Tout ce qui était de règle auparavant a été utilisé : soulagement du crédit par la baisse des taux, soutien à la consommation par la relance budgétaire et fiscale, relance des exportations par l’affaiblissement de la devise – jusqu’au soutien aux banques pour garantir le système du crédit. Mais la reprise est molle, butant sur la montagne de dettes des ménages aux États-Unis, des États en Europe, et des monceaux de dollars dévalués dans les fonds souverains.

Économie 2011 : comment la voyez-vous ?
La relance montre ses limites, le relais doit être pris par la société. Mais elle est vieillissante en Occident et ce n’est pas en repoussant l’âge de la retraite que l’on crée ex-nihilo des emplois. Les banques centrales s’essaient aux mesures « non conventionnelles ». L’assouplissement quantitatif (Quantitative Easing) consiste à racheter des dettes d’États ou d’entreprises pour les porter à échéance, injectant ainsi du crédit directement sur les marchés. Mais nul ne connaît les limites d’une telle politique, ni son efficacité. Chacun avance en tâtonnant par essais et erreurs. De quoi affoler la volatilité des marchés. Est-on assez assuré de l’avenir pour investir ?

Qui croit vraiment à « la reprise » ? Les spécialistes doutent de la capacité de certains États à rembourser leur dette, les mettant sous pression pour se refinancer. Les économistes doutent de l’intérêt des entreprises à investir et à embaucher, tant la demande manque alors que l’offre des pays émergents est férocement concurrentielle. Les sociologues notent le désarroi croissant de la population qui craint pour son emploi, pour ses enfants, pour sa retraite et sa santé. Le populisme agite la politique à grands coups de yakas, ciblant les nomades refusant le travail, les assistés perpétuels, les immigrés délinquants, les Chinois retors, appelant à la fermeté, aux contrôles, au protectionnisme. Le pouvoir, lui, navigue à vue, sans boussole ni projet autre que durer – donc faire des économies après une génération de gabegie. Il n’y a que l’Allemagne qui tire son épingle du jeu, mais ses exportations vont surtout au reste de l’Europe : que seront-elles si ce reste s’effondre ? Est-ce que gagner du temps suffit pour retrouver la croissance d’avant ?

Milton Friedman, le monétariste, ne croyait pas à l’euro. Ni à sa naissance, ni à sa subsistance. En cause, l’absence de zone unie, de compensation entre régions monétaires restées États-nations jalousement indépendants. Pas de politique unifiée, ni de coordination économique, ni de convergence fiscale, ni de langue et pratiques communes notamment pour le travail… Ni même de culture ou même de sentiment d’appartenance dans ce caravansérail ouvert à tous les vents où chacun est bienvenu s’il adopte le droit communautaire ! L’Europe sans frontières est inefficace. Sans prise en compte des intérêts concrets, point de salut. Les Chinois veulent « aider », est-ce que l’Europe va devenir vassale de la Chine après l’avoir été des États-Unis ?

Économie 2011 : comment la voyez-vous ?
Les boursiers ont beau affirmer que 2011 est l’année du rebond, leur unanimité est suspecte. Ont-ils assez menti aux épargnants ces dernières années… Le premier trimestre devrait être bon, comme d’habitude aux États-Unis, mais ensuite ? Le chômage lourd ne se résorbe pas, le cycle des affaires ne devrait reprendre qu’en 2012, l’immobilier américain reste en berne, la réglementation des banques trop timide, les perspectives sur l’énergie sombre. Il n’y a que les pays émergents où l’essor continue. Les entreprises occidentales qui y vendent sont florissantes. Justement, pourquoi iraient-elles investir en Europe ou aux États-Unis alors que le marché est en Chine, en Inde, au Brésil ? En conséquence, pourquoi voulez-vous que la consommation reparte dans les vieux pays ? Est-ce que tout gain doit être dépensé plutôt qu’épargné au cas où ?

En Europe, et en France plus qu’ailleurs, les épargnants fuient les banques et les marchés financiers. Ils préfèrent l’immobilier ou la terre qui ont l’avantage d’être des biens réels, protégés de l’inflation inévitable, à l’abri des faillites bancaires, des fluctuations des actions et des risques de défaut des obligations. L’assurance-vie a encore les faveurs parce que les assureurs ne sont pas des banquiers et qu’il y a un attrait fiscal pour la transmission. Les plus riches achètent de l’or physique, des tableaux reconnus et prennent des participations dans des entreprises.

Tour de vis fiscal, chômage persistant, scandales affairistes à répétition, remise en jeu politique en 2012 en France comme aux États-Unis – pourquoi voudriez-vous que 2011 soit une « bonne » année économique ?



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