Lacroix - Bourgeon © Casterman - 1993
Lacroix - Bourgeon © Casterman - 1997
Lacroix - Bourgeon © Vents d'Ouest - 2005
Lacroix - Bourgeon © Vents d'Ouest - 2007
Sur la planete Olh, la belle Cyann, héritière du très puissant Lazuli Olismar – le MajO chef des sOndeurs – refuse de se soumettre aux contraintes de sa classe sociale, n’en prenant que les nombreux avantages. Entre le fait de n’accepter pour amie que Nacara, qui fait partie de la classe la plus basse, et celui de participer activement aux soirées osées rassemblant toute la jeunesse huppée de la Cité… Cyann est perçue comme une gamine effrontée et irresponsable.
Cette fois-ci pourtant, ce qui la pousse à fuir ses luxueux appartements, ce sont les projets dans lesquels l’embarque son père. Ce dernier souhaite qu’elle prenne la responsabilité d’une importante mission qui se déroulera sur la planète IlO. L’objectif de cette expédition est de ramener des spécimens de la flore locale afin que les DeO (scientifiques religieux et représentants la sOurce, un des organes du pouvoir sur Olh) puissent poursuivre leurs recherches. Ces dernières doivent permettre de trouver un remède à la Fièvre pourpre, une épidémie qui décime la population masculine d’Olh. Le frère de Cyann en est mort et, à son tour, Lazuli lutte contre la maladie.
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Une chronique assez longue et pour laquelle je me suis posée la question de savoir s’il n’était pas plus pertinent de proposer d’un côté un avis sur les deux premiers tomes (quête initiatique de Cyann) et d’un autre, un avis sur les deux derniers tomes (voyage intersidéral, quête personnelle…). Pourtant, je reste convaincue qu’il est plus intéressant, dans la mesure du possible, d’avoir une « vision d’ensemble » d’une série, d’un travail d’auteurs, plutôt qu’une vision morcelée. A voir…
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Voici un univers dans lequel on entre facilement car visuellement, le voyage débute dès la première planche de La sOurce et la sOnde. L’énergie que dégage la pulpeuse Cyann est communicative et pique la curiosité. De plus, le fait d’être accueilli (en tant que lecteur) dans des ambiances diurnes accentue cette envie de voir Olh plus en détails. On scrute, on épie le moindre recoin éclairé mais il faudra attendre une vingtaine de planches avant de disposer de plus grands angles de vue. Qu’à cela ne tienne puisqu’en attendant, la fuite de Cyann nous a déjà essoufflé et contraint de tourner les pages avec assiduité pour obtenir des éléments de compréhension. Au passage, on s’arrête à plusieurs reprises sur quelques volatiles originaux et sur quelques éléments d’architecture très prometteurs.
Découverte visuelle et surprise graphique seront au rendez-vous quatre tomes durant puisque chaque tome conduit Cyann sur une nouvelle planète. Chaque tome est une aventure à part entière, un voyage différent où des mondes originaux s’ouvrent à nous : technologies nouvelles, architectures atypiques en harmonie ou non avec la nature, sans parler des accessoires (vestimentaires entre autres). Les ambiances graphiques diffèrent d’album en album, elles sont soignées et détaillées. Le trait de Bourgeon se bonifie au fil des tomes malgré des aléas techniques (au moment où il publiait le second tome, il a du abandonner la plume et s’est reporté sur le feutre pour ses dessins). Ainsi, Aïeïa d’Aldaal est un tome de transition, « un album bâtard dans la mesure où certains dessins sont à la plume, d’autres au feutre. Mais je ne crois pas que cela se sente dans l’album lui-même. Disons que cette nouvelle technique apporte un peu plus de rondeurs à mon dessin, dans le tracé » dira François Bourgeon lors d’une interview. Pour le reste, les albums sont aussi complémentaires que différents, la variété des décors dépeints offrant une réelle richesse à la série (désert/foret verdoyante/milieu urbain, no man’s land/société hyper réglementée et codifiée…).
S’il est aisé d’embarquer pour le voyage visuel en revanche j’ai peiné sur la compréhension de l’histoire qui est totalement amputée de narration. C’est donc guidée uniquement par les dialogues qu’on assemble les pièces du puzzle de cet univers. Rien ne nous est facilité pour comprendre le BA-B.A. des codes sociaux d’Olh et la nature du conflit entre la sOurce et la sOnde… si ce n’est la perception d’un basique enjeu de pouvoir. Rapidement, on cerne grossièrement les différents camps mais les subtilités ne seront pas forcément visibles à la première lecture (constat assez poussé sur les tomes 1 et 3). De plus, j’ai également été freinée dans la lecture en raison de l’absence totale de marqueur de temps et de transitions entre les différentes scènes. Ce qui vient largement compenser cela, c’est que l’on s’intéresse aux personnages principaux qui d’ailleurs évoluent au fil des tomes, leurs personnalités se transforment. Il y a également la richesse du vocabulaire utilisé qui apporte une grosse valeur ajoutée à la série. Les dialogues sont élaborés, intelligents et offrent au final une réflexion pertinente :
- les deux premiers tomes sont très axés sur Cyann : passage de l’adolescence à l’âge adulte, émancipation, prise de responsabilités et découverte des sentiments, quête initiatique…
- les tomes 3 et 4 plus axés sur le monde (même si ces éléments sont déjà présents dans le premier diptyque) : travers de nos sociétés actuelles, lutte pur le Pouvoir, asservissement d’un peuple, société de consommation, endoctrinement, censure, mercantilisme…
A n’en pas douter, le plaisir de lire cette excellente série se bonifie de lecture en lecture. La seconde lecture permet d’entrer plus confiant dans cette série et chaque relecture ultérieures permet de percevoir des détails supplémentaires.Pour l’heure, le cinquième et dernier tome de la série est attendu. Il apportera beaucoup de réponses à des éléments laissés en latence… à moins que les auteurs ne décident d’exploiter plus encore le riche potentiel du Cycle de Cyann et ouvrir d’autres portes… une perspective tout aussi alléchante.
Interview de François Bourgeon suite à la sortie des Couleurs de Marcade (janvier 2007) où il revient notamment sur les changements d’éditeur pour la publication des albums de cette série (également expliqué sur la fiche série de Wikipédia).
D’autres avis : BDsélection, Yozone, Jean-François et un article (sur artefarita.com) plutôt destiné aux connaisseurs de la série puisqu’il liste une partie des suppositions/questions/possibles évolutions…
Le Cycle de Cyann
Tome 1 :La sΟurce et la sOnde
Tome 2 : Six saisons sur IlΘ
Tome 3 : Aïeïa d’Aldaal
Tome 4 : Les couleurs de Marcade
Série en cours
Éditeur : deux premiers tomes parus chez Casterman, les tomes 3 et 4 ont été publiés chez Vents d’Ouest. Les droits de la série appartiennent à François Bourgeon qui est maintenant chez 12bis
Dessinateur : François BOURGEON
Scénariste : Claude LACROIX
Dépôt légal : octobre 1993 (tome 1), octobre 1997 (tome 2), janvier 2005 (tome 3) et janvier 2007 (tome 4)
Bulles bulles bulles…
Le Cycle de Cyann, tome 1 – Lacroix – Bourgeon © Casterman – 1993
Le Cycle de Cyann, tome 2 – Lacroix – Bourgeon © Casterman – 1997
Le Cycle de Cyann, tome 3 – Lacroix – Bourgeon © Vents d’Ouest – 2005
Le Cycle de Cyann, tome 4 – Lacroix – Bourgeon © Vents d’Ouest – 2007
Publié le Lundi, janvier 3rd, 2011 à 6:00 dans Aventure, Bourgeon, Casterman, Lacroix | Respond | Trackback URL
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