Magazine Culture

Tomié, l’amour à mort

Publié le 10 mars 2010 par Luxyukiiste
Tomié, l’amour à mort
Même si j’en parlerai dans mon article sur les fantômes japonais contemporain au cinéma, j’ai envie de m’arrêter un peu aujourd’hui sur le premier tome de la saga Tomié, par Junji Ito, un des auteurs de ma to-read-list dans la catégorie mangas d’horreur. Cette série en trois tomes débutée au Japon en 1987 et sortie en France chez Tonkam raconte l’histoire de Tomié, une belle et séduisante lycéenne ayant le pouvoir de rendre quiconque fou amoureux d’elle. Son but n’est pourtant pas d’avoir une relation classique : elle ne cherche qu’à provoquer la haine et la jalousie, se faisant tuer par ses amants ou provoquant des disputes chez d’autres couples. Le problème, c’est qu’une fois morte, Tomié se régénère et revient demander des comptes, pour mourir à nouveau : un étrange cercle infernal. Une plongée gore dans l’insondable pouvoir de l’amour…
Tomié, l’amour à mort
De par son pitch, la saga Tomié était le client en or pour sortir une pelletée d’adaptations cinématographiques : une fille-monstre qui ne meurt jamais, voilà une riche idée qui justifie une infinité de suite ! C’est pas moins de huit films et direct to video qui sont sortis entre 1999 et 2007. Cependant, même si ça ne saurait tarder, je ne les ai pas encore vus, restons donc sur le manga. Le stratagème Tomié est assez simple : s’approcher d’un garçon, qu’il soit de son âge ou professeur, le coller, lui dire qu’elle l’aime, et, sans qu’il s’en rende compte, l’envoûter. Quand Tomié jette son dévolu sur une personne, il n’y a pas d’échappatoire : elle est perdue. Bien avant les Ring, Ju-on et compagnie, Junji Ito explorait le champ de la malédiction, autour d’un thème précis et horriblement touchant : l’amour. L’amour quand il vire à l’obsession, à l’excès, et qu’il devient une source de conflit et de mort. Tomié zombifie les garçons et fait enrager les filles : c’est un peu l’insupportable beauté fatale qui fait tomber tout le monde et que vous voulez satelliser le plus vite possible. C’est aussi l’évocation des moments où l’on a découvert combien la présence d’une personne peut irradier l’espace, vous laissant muet et impuissant ; finalement, l’amour ne peut-il pas être un sort menant vers la folie ?
Tomié, l’amour à mort
Côté horreur, l’imagination de l’auteur est particulièrement absurde et dégeulasse : en tournant les pages, on en a largement pour notre argent question visions d’horreurs, mutations, découpe, et choses innommables. Une fois morte, Tomié à la faculté de se régénérer à partir de n’importe quoi : son coeur, sa tête, et même son sang suffisent à la faire renaître, en dehors ou à l’intérieur même de quelqu’un. Et quand ses cellules prennent possession de quelqu’un d’autre, vous ne savez plus vraiment à qui vous avez affaire… C’est monstrueusement génial, et le dessin est particulièrement adapté à la représentation des perturbations physiques de Tomié. Le sourire pervers qu’elle affiche de son vivant est déjà effrayant, mais ce n’est rien face à ses différentes incarnations, toutes plus perturbantes les unes que les autres. En avançant dans le tome, on retrouve des situations reprises plus ou moins directement par les grands films de revenants post-1998, comme la photographie révélatrice exploitée dans la saga Ring. Le tome se suit avec un mélange de plaisir et de crainte mais on a tout de même envie de connaître la suite, pour savoir quelles autres surprises nous réserve la diabolique adolescente.
Notons tant qu’on y est qu’à côté de Tomie, Junji Ito a également sorti Spirale, lui aussi adapté en film et qui raconte l’obsession croissante d’un village pour les motifs en spirale… Bizarre… Effrayant… Mais tellement bon !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Luxyukiiste 52 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazine