Magazine Culture
En 2005 apparaissait dans quelques salles françaises un OVNI cinématographique, au pitch mystérieux et intriguant : Quelque part, dans une forêt, une école. Là, isolées du monde, de très jeunes filles apprennent la danse et les sciences naturelles… Réalisée par Lucile Hadzihalilovic, habituée des crédits de Gaspar Noé, cette adaptation atmosphérique d’une nouvelle de Frank Wedekind m’a vite envoûté, par son ambiance, son cadre, ses non-dits et sa manière implicite de traiter du conditionnement de l’éducation et de l’éveil des sens. J’avais cru la nouvelle introuvable : l’édition française, épuisée, se négociait à 35€ sur Price Minister, ce qui, pour une soixantaine de pages, est plutôt cher payé. C’était sans compter sur les éditeurs anglophones, Hesperus, pour ne pas le nommer, qui m’a permis pour une dizaine d’euros d’accéder à l’oeuvre originale, agrémentée de deux autres textes, dans une très jolie édition toute en blanc, rose et cheveux blonds. Je ne sais pas encore quelles sont les différences entre le texte et l’adaptation ; ce qui est sûr, c’est qu’on retrouve la même base et, semble t’il, un propos similaire : un groupe de jeunes filles suivent des cours au milieu d’un immense parc forestier, duquel elles ne peuvent sortir… Métaphore de la prédestination des sexes, la nouvelle avait été saluée par Léon Trotsky lui-même dans une publication de l’internationale. J’en profite pour dire qu’après cette lecture, je me plongerai dans les films souvent cités comme inspirations d’Innocence : L’esprit de la ruche de Victor Erice et Pique-nique à Hanging Rock de Peter Weir. De quoi nourrir de futurs articles !