Un beau film , d'un genre qu'on n'a pas l'habitude de voir. La Calabre avec les Apennins, et le village accroché au sommet d'une colline, servent de cadre austère à ce film. Il évoque les quatre "règnes" de la nature , l'humain avec le berger, l'animal avec le chevreau, le végétal avec l'arbre et le minéral avec le charbon de bois .
Premières images : un paysage de montagnes boisées voilé d'une vapeur mouvante; c'est la fumée qui s'échappe des fours ou meules des charbonniers. Puis dans le paysage environnant montent le tintement des clochettes des chèvres, les aboiements d'un chien ...puis on voit le vieux berger , fatigué, qui se repose .Quand il ramène son troupeau , on le voit qui ramasse des choses au sol ... son chien s'inquiète lorsqu'il s'attarde , il revient le chercher , c'est son travail de chien de berger. Le soir , le vieil homme soigne sa toux avec une poudre qu'il mélange à de l'eau . Cette poudre est de la "poussière d'église" que la femme qui balaie le sol de l'édifice religieux lui donne dans du papier journal Un soir qu'il n'aura pas sa dose de poussière il se couche et meurt sous le regard de ses chèvres.
Alors que le berger meurt , naît un petit chevreau, sa mère le lèche, il titube sur ses pattes puis prend des forces et rejoint les autres chevreaux . Le jour arrive où le nouveau berger emmène le troupeau ailleurs , peut-être est-ce la transhumance . Le chevreau n'arrive pas à suivre , il se perd ; j'ai eu de la peine pour lui avec ses cris d'angoisse ... la nature est cruelle pour les faibles ; épuisé, il agonise au pied d'un arbre , on a l'impression qu'il dort, apaisé . L'arbre deviendra grand et fort ...
Quelques saisons plus tard , l'arbre devenu majestueux va être coupé pour servir de mât de Cocagne à la fête du village..Ensuite il est débité et sert à la fabrication du four (ou meule) des charbonniers ; beau documentaire sur leur travail qui donnera du charbon de bois pour chauffer les maisons du village...
Un beau cycle de la nature avec parfois des moments cocasses (le chien qui enlève la cale du camion ....) mais aussi beaucoup de poésie dans les paysages , dans le regard des animaux , dans une nature qui semble préservée de la modernité.... Et sans en avoir l'air c'est un film qui dit beaucoup plus que ce qu'il montre et presque sans paroles ...