Mon esprit vagabonde, donc je suis triste…
“Je suis rêveur plus que triste”, disait Michel Houellebecq, lauréat du Goncourt 2010 (Le Figaro). Mais “je suis rêveur donc je suis triste”, dirait plutôt la plupart d’entre nous, selon une récente étude de l’Université Harvard publiée dans la revue Science.Les gens passent 46,9 % de leur temps d’éveil à penser à autre chose que ce qu’ils font, et quand leur esprit vagabonde ainsi, ils seraient moins heureux, selon cette étude menée par les chercheurs en psychologie Matthew A. Killingsworth et Daniel T. Gilbert.
Ils ont utilisé une application iPhone Web pour recueillir auprès de 2250 personnes leurs pensées, sentiments et activités à différents moments de leurs journées.“Un esprit humain est un esprit qui vagabonde, et un esprit qui vagabonde est un esprit malheureux”, écrivent-ils. “La capacité de réfléchir à ce qui n’est pas en train de se passer est un acquis cognitif qui a un coût émotionnel”, ajoutent-ils.“Les êtres humains, disent-ils, passent beaucoup de temps à penser à autre chose que ce qui se passe autour d’eux: contempler des événements survenus dans le passé, des événements qui pourraient se produire dans l’avenir, ou peut-être ne jamais se produire. L’esprit qui vagabonde semble être le mode d’opération par défaut du cerveau.”
Killingsworth a développé une application iPhone qui communiquait avec 2.250 participants à des intervalles aléatoires pour leur demander leur niveau de bonheur, ce qu’ils étaient en train de faire, et s’ils pensaient à leur activité actuelle ou à d’autre chose qui était agréable, neutre ou désagréable.
En moyenne, les répondants ont déclaré 46,9 % du temps que leur esprit errait, et pas moins de 30 % du temps au cours de chaque activité, sauf celle de faire l’amour.
“Le vagabondage de l’esprit semble omniprésent dans toutes les activités”, explique Killingsworth. “Cette étude montre que la vie mentale est empreinte, à un degré remarquable, par le non-présent.”
Les gens étaient plus heureux quand ils faisaient l’amour, faisaient de l’exercice ou étaient en conversation. Ils étaient moins heureux quand ils se reposaient, travaillaient ou utilisaient un ordinateur à la maison.
“En fait, à quel point l’esprit quitte le présent et dans quelle direction vont les pensées prédit mieux le bonheur que les activités dans lesquelles une personne est engagée“, dit Killingsworth.
Seulement 4,6 % du bonheur d’une personne à un moment donné était attribuable à l’activité spécifique dans laquelle elle était engagée, estiment les chercheurs, alors que l’orientation des pensées contribuerait pour environ 10,8 %.
Les analyses de décalage de temps menées par les chercheurs suggèrent que le vagabondage de la pensée serait généralement la cause, et non la conséquence, de la tristesse.
Sources:
Harvard University, Le Figaro, psychomedia.qc.ca
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