Et pour finir, quelques livres d’images…
Pour un Parkérien ayant le sens de l’humour :
Ça barde fort dans le Bordelais. Robert Parker, malgré les indéniables services qu’il a rendus à la région, se retrouve au ban des accusés. Face à des juges masqués comme les membres de la secte des Cigares du Pharaon, dans le décor de l'église troglodyte de Saint-Emilion, il doit répondre de sept pêchés « capiteux ». Et c’est en autant de chapitres que l’on va dérouler le fil du « système Parker ». Apprendre comment un avocat américain, au départ simple amateur de vin et éditeur d’une lettre confidentielle (aujourd’hui, il aurait certainement tenu un blog) est devenu le critique le plus influent de la planète vin. Découvrir comment tout un ensemble d’acteurs (œnologues volants, capitaines d’industrie investissant dans les châteaux bordelais, négociants, …) s’est organisé dans un système circulaire qui s’est longtemps autoalimenté. Sur un scénario de Benoît Simmat (In vino satanas) et des images de Philippe Bercovici (Les femmes en blanc), ce procès à charge démonte cette mécanique qui a eu pour principaux effets une flambée des prix et une uniformisation progressive de nombreux vins, une standardisation à l’aune du fameux « goût Parker ». Même si cette BD n’est pas franchement comique, elle aura quant-même fait rire le principal intéressé, qui accorde bien sens de l’humour et sens des affaires : « Absolutely hilarious... Highly recommended : 96+. Too bad, I don't get any commissions on the sales... ».
Robert Parker – Les sept péchés capiteux. Benoît Simmat & Philippe Bercovici. Préface de Denis Saverot. 56 pages. Editions 12Bis. 2010. 12 €.
Pour un enfant :
Parce que Noël est avant tout la fête des enfants. Parce que le vin est un produit culturel et qu’en tant que tel, la transmission de sa connaissance relève des enjeux de la transmission du patrimoine. Parce que l’apprentissage de la tempérance va de paire avec l’initiation au bon goût, et que les deux sont les meilleurs instruments de prévention du binge drinking. Parce que j’entends déjà frémir les ligues de vertu. Et surtout, parce que ce livre très joliment illustré plaira sans aucun doute à la plupart des enfants. Ils y suivront, en douze petites histoires, Paul et son grand-père qui lui apprend avec patience et tendresse le métier de vigneron. L’observation de la nature, le travail de la vigne, les vendanges, le travail au chai, la mise en bouteille. Tout le cycle du vin est ainsi représenté, parfois de manière un peu idéalisée mais toujours très vivante. Un glossaire explique également les termes les plus spécifiques. Cette très heureuse initiative mériterait que le Père Noël en glisse une pile sous le sapin de chaque école élémentaire de France et de Navarre !
Grand-père raconte-moi la vigne. Pascal Bounet & Françoise Étourneaud. 48 pages. Editions Féret. 2010. 14,20 €.
Pour un grand enfant :
J’avais à peine évoqué Les gouttes de Dieu dans un article sur des bulles venues d’ailleurs. Je dois en effet admettre être passé à côté du phénomène, n’eut été un échange un peu vif sur un forum à propos de l’impact de ce manga sur la popularité et, accessoirement, sur le prix des vins cités… Mais revenons aux livres. Œnologue de réputation mondiale, Yutaka Kanzaki, vient de décéder. Il lègue sa fabuleuse collection de vins à celui qui découvrira douze grands vins, les douze apôtres, ainsi qu'un treizième et mystérieux vin idéal nommé Les Gouttes de Dieu, qu’il décrit dans son testament. Dès lors s’engage une course sans merci entre son fils et le frère adoptif de celui-ci. Cette rivalité fraternelle forme la toile de fond sur laquelle le duo de scénaristes Tadashi Agi et la dessinatrice Shu Okimoto déroulent une intrigue très bien construite et rapidement prenante. Les amateurs de manga y découvriront le monde du vin français, mi en scène avec beaucoup de finesse et de précision. Les scénaristes ont en effet fait un remarquable travail documentaire, y compris en se rendant aux domaines évoqués. Une somme de connaissances qu’ils savent restituer de manière accessible, complète (notamment au travers de fiches techniques à la fin de chaque livre) et sensible, par exemple pour évoquer les sensations de la dégustation. Pas étonnant que ce manga ait également très largement conquis les amateurs de vin, dont beaucoup découvrent le manga par son biais. Malheureusement, Les Gouttes de Dieu n’évitent pas l’écueil de la longueur du scénario, le Japon en est déjà au tome 25.
Les Gouttes de Dieu. Tadashi Agi & Shu Okimoto. 240 pages. Editions Glénat. 1ère sortie de France en 2008, le tome 17 est prévu pour février 2011. 8,99 €.