Newbie, c'est deaf note et top sans

Publié le 01 janvier 2011 par Mackie

Tout d'abord je vous souhaite une bonne et heureuse année 2011 !

J'en profite pour aborder un point qui me tient à coeur : pourquoi mon blog s'intitule Chroniques d'un newbie, alors que certains m'ont gentiment fait remarquer que newbie, je ne risquais pas de le rester longtemps. Et pourtant si, j'y tiens !

Vous avez peut-être remarqué ma réticence à noter ou classer les mangas, les anime et les musiques que j'aime. Je suis, en effet, toujours étonné de trouver des tops, classements ou autres notations chiffrées ou étoilées sur des blogs de fans, me demandant sur quels critères ils sont établis. Si les blogs ont pour objet de partager des opinions, des humeurs, des coups de coeur ou des coups de gueule, ok. C'est du perso. Mais la frontière qui sépare l'opinion de la critique est, à mon sens trop vite et trop souvent franchie.

Entendons-nous bien : je n'ai rien contre l'exercice critique, qui en tant que tel provient de personnes ou d'organismes habilitées à critiquer : les critiques professionnels, journalistes, ou les pairs des personnes ou artistes critiqués. Si j'étais moi-même dans une de ces catégories, Chroniques d'un newbie pourrait être un blog de critique, mais ce n'est pas le cas. C'est pourquoi dès le départ j'ai choisi de mettre "newbie" dans le titre, et que je l'ai sous-titré "le blog d'un éternel débutant". Pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté.

Mauvaise foi et subjectivité

Comme vous tous, je revendique mon droit à la subjectivité, à la partialité, à la mauvaise foi même, et je ne me gêne pas pour en faire état, dans des articles qui suscitent parfois de nombreuses réactions, ou à l'opposé la plus parfaite indifférence. C'est la loi du genre. La grande difficulté, c'est faire que cette subjectivité demeure le témoignage d'un ressenti, et ne bascule pas dans le jugement de valeur.

La critique est verticale, c'est-à-dire qu'elle est exprimée via un média bien établi en direction de spectateurs, d'auditeurs ou de lecteurs, et qu'elle ne sera pas discutée, ou de façon seulement factice. Elle est également l'expression du jugement du milieu médiatique sur le milieu artistique, ce qui la rend légitime mais en limite la portée à une dimension uniquement magistrale : celui qui sait donne son jugement et celui qui ne sait pas (le public) doit l'avaler tel quel.

Internet a modifié le rapport à l'oeuvre artistique. Via les blogs et les réseaux sociaux, le public (c'est-à-dire nous) s'exprime de façon spontanée sur ce qu'il découvre, et il partage son ressenti avec ses semblables. En cela, il se différencie fondamentalement de la critique. Le billet est un mode d'expression horizontal, qui diffuse des points de vue individuels, qui ne sont pas interchangeables : parce qu'ils émanent d'un vécu, d'une subjectivité, qui peut certes aller jusqu'à la mauvaise foi, mais qui n'engage que celui qui l'écrit.

Chaque découverte m'enrichit, mais à aucun moment elle ne modifie ma position de newbie, ou plutôt, je devrais dire, d'amateur. Et pour en conserver la liberté et la légitimité, je m'interdis de me transformer en critique, et de me laisser aller à des jugements de valeur. Quelqu'un a dit que mes billets étaient simples. C'est parce que j'essaie (sans y parvenir à chaque fois, je le reconnais) de m'en tenir au ressenti. A l'histoire de ma rencontre avec chaque oeuvre. Par exemple, j'essaie de ne pas parler de qualité (quand je le fais, c'est par paresse) mais je m'intéresse à l'histoire, aux personnages, à ce que j'ai ressenti en les suivant. Par exemple, un des billets où (l'émotion aidant, il est vrai) j'ai réussi à ne pas verser dans la critique, c'est celui-ci. Un de ceux où j'ai franchi la limite (mais j'assume), c'est celui-là.

Notes et classements.

De même, chaque blog m'enrichit. Il apporte un autre point de vue que le mien, une autre histoire, un autre ressenti. J'aime particulièrement lorsqu'un billet me raconte une nouvelle histoire, ou la même histoire, mais avec d'autres yeux que les miens. C'est pourquoi je n'aime pas les notes, les classements, les tops. Je m'en méfie, parce qu'ils se substituent à ce que pourrait me raconter un blogueur. Lire qu'un anime ou un manga vaut 4 sur 5, ou le comparer à un autre par ses qualités prétendument intrinsèques, ça me frustre bien plus que ça m'apporte. Je préfère un article maladroit ou de mauvaise foi mais personnel, à un un article qui se pose en jugement et se prétend, même s'il s'en défend, "objectif".

C'est comme une conversation entre amis. Prenons un exemple avec un film : quand untel, sortant du cinoche, me dit "la mise en scène est géniale", je n'apprends rien, ni sur le film dont il est question, ni sur untel. Mais quand untel me dit "j'ai été particulièrement touché quand..." alors là, oui, j'en apprends à la fois sur le film et sur untel. Au fond, il ne faudrait jamais noter d'oeuvres. Et rester "deaf note" et "top sans".


Newbie or not newbie.

Ce n'est donc pas de la fausse modestie, comme il m'a été suggéré, si je me qualifie de newbie. Newbie, ce n'est pas celui qui n'y connaît rien, mais celui qui accepte l'idée qu'il n'y a pas besoin de s'y connaître parfaitement pour bien s'exprimer. Dans une de mes activités passées, j'ai lu certains des plus beaux textes sur le théâtre de la part de personnes qui voyaient une pièce pour la première fois de leur vie...

M'appeler Newbie, c'est aussi ma manière de me souvenir qu'on peut vite attraper la grosse tête, et je me connais assez bien pour craindre ce travers : il m'a été reproché par le passé. Ma bannière est la pour me le rappeler. Si je reste dans la peau du newbie, je continue de découvrir pour mon plaisir, et de partager sans me la jouer. Oh, bien sûr, il y a toujours une part de narcissisme lorsqu'on tient un blog. N'écrit-on pas pour être lu? Les excellents conseils d'Animint (qui citent eux-mêmes les conseils non moins excellents de Shinmanga) donnent des pistes pour garder à l'esprit la notion de plaisir, et pour rester motivé. Ma source de motivation, c'est de rester un newbie. Le jour où je ferai des tops ou surtout que je filerai des notes, c'est que quelque chose aura grillé dans ma motivation. Et je ne pourrais plus décemment m'appeler newbie...

Bon, je voulais parler de ça depuis longtemps, et symboliquement, un 1er janvier, c'est une bonne occasion pour le faire. Comme on dit, ça, c'est fait. Je peux passer à autre chose... Ce qui tombe bien,  je viens de terminer (enfin !) Monster, je commence Gunnm, Vinland Saga, et My Girl. A bientôt !

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