Premier atelier d'écriture de l'année chez Gwen avec une photo représentant une porte ancienne. A nous de broder autour de cette porte, de ce qu'elle peut représenter ou cacher...
Annette manquait de confiance en elle. Pour tout et depuis toujours. Lorsque Pauline les convoqua par petits groupes, à son habitude, elle s’exécuta. Elle prit une des chaises et s’assit. Pauline était arrivée depuis un an. En une année, bon nombre de changement s’étaient opérés et Annette angoissait pour l’avenir. Pauline et ses mots anglais qu’elle glissait sans arrêt dans chacune de ses phrases, son dynamisme surfait et surtout ses méthodes apprises dans une grande école de Commerce. Des machines qui fabriquaient de jeunes cadres ambitieux, des loups du management aux dents longues et aiguisées. Pauline en était une avec sa démarche assurée et son tailleur de couleur sombre. Elle avait mis en place des séries d’atelier pour renforcer l’esprit d’équipe. Annette écoutait Pauline qui déblatérait son monologue déjà bien rodé : Vous allez fermer les yeux et imaginez une porte. Derrière cette porte, se trouve votre fort intérieur et toutes vos capacités. La porte sera peut-être être lourde mais il ne faut pas se décourager. Annette se représentait une porte ancienne en bois. Comme celle d’un château fort, une porte en bois solide et épaisse. Elle se disait que cet atelier était une perte de temps mais elle avait envie de jouer le jeu. Elle était devant la porte n’osant pas approcher sa main. Elle se décida. Une cour s’offrait devant elle. La voix de Pauline poursuivait : N’ayez pas peur, allez jusqu’au bout.Encouragée, Annette s’avança sur le sol pavé. Elle n’osait pas y croire. Toutes les personnes qui l’avaient jusque là humiliée par des remarques, vexée par leur comportement dédaigneux étaient là en rang d’oignons. Têtes baissées à son approche. Annette se sentit prise d’un pouvoir de supériorité. C’était la première fois qu’elle éprouvait ce sentiment inconnu. Elle revit une ancienne institutrice qui l’avait punie alors qu’elle n’avait pas triché, une amie d’enfance qui l’avait trahie, sa boulangère qui en 10 ans était incapable de se souvenir de son nom. Ils étaient tous là. Pauline aussi. Tous imploraient son pardon. Oui, ils pouvaient ! Annette vit des instruments de torture. Enfin, elle allait pouvoir leur rendre tout le mal qu'ils lui avaient fait subir. Terminé pour aujourd’hui !La voix stridente de Pauline la fit sortir de son rêve. Avorté, une fois de plus. A cause de Pauline. Elle serra si fort ses mains que les jointures de ses doigts étaient blanches.Et n’oubliez pas que la semaine prochaine, nous avons le séminaire d’entreprise. Eh bien, Annett , vous êtes toute souriante ! Vous avez enfin trouvé vos ressources !Pauline appuya bien sur les deux syllabes du mot "enfin". Elle toisa Annette du regard. Un regard hautain pour l'écraser comme un vulgaire insecte. Pour une fois, Annette ne rougit pas. Non, elle garda son sourire aux lèvres. Elle allait en finir. Durant le séminaire, il était prévu un saut à l’élastique. Annette devrait aider à la préparation du matériel. Elle ne sauterait pas à cause de ses problèmes de santé. Mais, Pauline si. Et, un accident est si vite arrivé…