Synopsis :
Bobby est l’incarnation même du rêve américain : il a un très bon travail, une merveilleuse famille et une Porsche toute neuve dans son garage. Mais lorsque la société qui l’emploie réduit ses effectifs, Bobby se retrouve au chômage, tout comme ses collègues Phil et Gene. Les trois hommes sont alors confrontés à une profonde remise en cause de leur vie d’hommes, de maris et de pères de famille.
Critique (vu au Festival de Deauville 2010) :
Bonne année ! Nous voilà partis pour 2011 ! Et quoi de mieux qu’un bon film sur la crise financière et ses répercutions pour commencer une nouvelle année
The Company Men, premier film de John Wells, scénariste entre autre de la série Urgence est un sujet intéressant à analyser tant il embrasse tous les stéréotypes possibles et imaginables sur la mise au placard des ouvriers, victimes de la crise financière mondiale.
Entre Wall Street 2 et Company Men, on pourra dire que nous avons été servi en traitement de la crise, aussi bien vue d’un côté que de l’autre, à croire que ce n’est que par l’excès que nous pouvons traiter ce sujet au combien riche en possibilités créatives et intellectuelles. Si le premier film se plaçait du côté des traders, le second a choisi l’autre versant, celui des ouvriers victimes des plans sociaux, de ceux qui se lèvent tôt le matin et qui finissent tard le soir. Ce n'est pas la volonté affichée de mettre en images un mal qui ronge notre société que je conteste, mais bien la manière outrageusement facile de présenter la chose.
Pour appuyer son discours, John Wells s’intéresse plus particulièrement à type de personnages, des cadres supérieurs incarnant la réussite du rêve américain. Bon job, beau costard, belle maison, belle famille, beau salaire, une réussite sur le papier frôlant la perfection. Pourtant, le tableau idyllique n’a que faire de l’ancienneté ou de la performance, il faut tailler là où cela coute cher, quitte à baisser la qualité.
Ce discours que nous entendons tous les jours au JT se voit donc ici traiter avec la même subtilité d’un 13h sur TF1, brossant dans les grandes largesses une vision caricaturale des employés, qu’ils soient cadres ou ouvriers, des patrons menés par les actionnaires, de la DRH légèrement sa**pe sur les bords et du dirigeant de section animé par l’amour de son métier et de ses employés.
Mais si la pilule passe déjà difficilement dans les portraits qui sont proposés, c’est dans le traitement de la décente aux enfers de ce commercial incarné par Ben Affleck que le plus risible se trouve. En l’espace de 2 mois à peine, celui-ci se voit contraint de vendre une maison immense, sa Porsche et tout son équipement high-tech pour finir par vivre chez les parents de sa femme. Visiblement, le mot « économies » n’existe pas outre atlantique et à peine est-on licencier que l’on finit à la rue, même si le salaire précédemment gagné était élevé. Un raccourci fâcheux dans lequel il est difficile de se retrouver, le personnage de Ben Affleck étant de fait assez éloigné du cadre moyen.
Un cadre moyen sur lequel John Wells ne s’apitoie finalement guère puisque ce n’est qu’une fois que celui-ci trouvera un travail temporaire de charpentier que le fond du discours du film sera révélé ! Car oui, mesdames et messieurs, seul compte le travail manuel. Charpentier, soudeur, c’est autrement plus dur que de travailler comme commercial. On s’use les mains, on travaille sous la pluie, parfois même le dimanche puisque le métier ne rapporte pas beaucoup… Vous l’aurez compris, The Company Men se révèle ultra orienté pro-travailleur (ce que je ne dénonce pas, loin de là) mais avec une telle maladresse que l’on ne peut qu’être énervé devant un pareil spectacle. Pas un dialogue, pas une situation caricaturale du cadre sympathique bien payé et du travailleur fatigué et mal payé ne sera oublié, tant et si bien que l’on décroche bien vite de ce spectacle déjà périmé avant même qu’il ne soit sorti.
Le film transpire la sincérité du réalisateur, il ne faut pas en douter, ce dernier s’étant même inspiré de personnes de son entourage pour créer les différents personnages. Mais lorsque l’on regarde le casting, que l’on connait certains caprices de stars (Tommy Lee Jones entre autre), on est en droit de trouver un poil hypocrite de ce genre de réalisations qui pourrait sans mal être projetée dans les meetings d’Olivier Besancenot.
The Company Men n’est autre qu’une vaste blague, pas mal interprétée, pas mal réalisée non plus, mais foncièrement à côté de son sujet et quand celui-ci est au centre de l’enjeu global, forcément, on se retrouve face à un problème…
Sortie officielle française : 9 février 2011