De passage à Douala, il en a profité pour se livrer sur son nouvel album, sa carrière, et les mélodies de ses pairs.
Votre nouvel album n’est pas bien connu au Cameroun. Pouvez-vous nous le présenter ?
L’album « Notre père Rumba » contient treize titres. Il comprend des featurings, avec Nathalie Makoma, Nash, la coqueluche de la musique ivoirienne, Charlotte Dipanda… J’ai fait appel à la voix féminine pour colorer l’album. Et nous devons tendre la main aussi à cette voix féminine pour essayer de donner un coup de pouce à la musique congolaise, à la musique africaine tout entière. Et pour moi, cette voix féminine est la bienvenue.
Parlons carrière. Ça fait 40 ans que vous êtes dans la musique. Vous vous sentez l’envie de continuer ?
Bien sûr que oui. Je ne pense même pas à m’arrêter. Je crois que Dieu nous donne à chacun un devoir. Et ce devoir là, il faut savoir comment l’accomplir, comment faire avec. Chacun de nous a un truc. Moi, c’est la chanson. C’est la musique que je fais. Que ce soit le hip-hop, la rumba ou les rythmes latins. Je suis un fan de musique. J’ai donné toute ma vie à la chanson. Et la chanson aussi m’a tout donné. La preuve, je suis à Douala aujourd’hui.
Et au milieu de tout ça, il y a cet instrument unique dans votre travail, votre voix…
A la fois, elle me permet de parler, de pleurer, de crier, elle me permet de chanter aussi. Alors, j’y fais très attention, parce que si je suis Papa Wemba, c’est grâce à de ma voix.
Vous êtes dans un contexte congolais où il y a plusieurs groupes, plusieurs artistes. L’adversité est-elle profitable à l’éclosion de la musique congolaise ou pas ?
Les deux à la fois. Il y a des fois où ça nuit un tout petit peu, mais bon, c’est ça aussi qui fait quelque part la force de la musique congolaise. Chacun veut être le meilleur et chacun de nous essaie de changer son fusil d’épaule. Et moi, j’aime cette concurrence loyale. Ça permet à chacun de travailler ardemment. Et je dis un grand bravo à la jeune garde qui joue sur de grandes scènes aujourd’hui.
Votre regard sur la musique camerounaise.
Le seul qui a très bien marché chez nous au Congo, c’est Eboa Lotin. Au Cameroun, il y a de très bons musiciens. De grands talents, surtout des bassistes, des batteurs et quelques rares chanteurs aussi. Mais ça manque d’identité et de leadership. Il n’y a pas de leader. On peut dire Petit Pays et consorts, mais chez nous on ne connaît pas Petit Pays. Richard Bona, c’est un garçon fabuleux, un génie. Mais même lui, on ne le connaît pas au Congo. Ils sont très rares, ceux qui peuvent dire qui c’est. C’est grave, ça.
La musique congolaise vue de l’extérieur…
Elle restera toujours là. Elle ne va pas attraper une ride. Ses genres musicaux seront toujours présents, pendant des décennies et des décennies.