Je viens d’écouter le Bye Bye 2010. C’est la dernière émission de l’année de la télévision française de Radio Canada, sous forme d’une revue humoristique des évènements de l’année qui s’achève. Elle est en ondes depuis 1968 sauf pour les années 1999 à 2006 et est l’émission la plus attendue par les Québécois et les Québécoises.
Elle a connu de grands moments inoubliables comme en 1970 lorsque le comédien Olivier Guimond personnifia un soldat de l’armée canadienne qui garde, la veille du jour de l’an, le domicile d’un bourgeois anglophone de Westmount durant la crise du FLQ. L’homme riche sort à l’extérieur pour prendre un verre avec le soldat qui ne crache pas sur la bouteille. On en rit encore. (voir YouTube : Bye Bye 1970).
Puis il y a eu l’exceptionnelle comédienne et humoriste Dominique Michel qui participa à 17 Bye Bye et donna toujours des prestations remarquables.
Malheureusement, les Bye Bye ne sont pas tous à la hauteur de leurs attentes.
Pour celui d’hier soir, le Bye Bye 2010, la barre n’était pas haute. Malgré que tous les comédiens furent exceptionnels et quelques bons sketchs, l’ensemble manquait de décorum et la majorité des textes étaient tendancieux, insultants, d’une écriture facile et pas drôles. Plusieurs manquaient d’imagination.
Il semble qu’au Québec aujourd’hui, on ne peut faire rire que si on utilise avec force tous les jurons ayant rapport avec notre tradition religieuse, que si on parle un « joual » pire que le « joual » du passé québécois, que si on se moque du clergé (« le sketch : les arriérés ») et que si on tourne méchamment en ridicule les politiciens. Pourquoi, de nos jours, ces auteurs cherchent-ils à nous abaisser ainsi. De plus, je dénonce les libertés qu’ils prennent en moussant, dans une telle émission, les messages politiques dans lesquels ils croient personnellement.
Olivier Guimond et Dominique Michel n’utilisaient jamais un tel langage et savaient se moquer sans mépris par la justesse de leurs mots, de leurs expressions, de leurs gestes et de leur ton. Les scripteurs du temps savaient faire rire tout en étant respectueux de leur auditoire.
Je ne vois plus l’utilité de ce genre d’émission de fin d’année. C’est une dépense inutile. Comme alternatives, il y a le « Bye Bye du Web » où des humoristes donnent leur spectacle et c’est gratuit, et de plus, les fêtes dans nos grandes villes, comme Montréal et Québec, où la télévision de Radio-Canada pourrait permettre à ses téléspectateurs de partager l’arrivée de la nouvelle année avec les centaines de milliers de Québécois et Québécoises qui fêtent avec joie sur les places publiques l’arrivée du nouvel an. Les temps changent, adaptons nous !
Bonne année 2011 à tous.
Claude Dupras