![2011, face aux tumultes du monde gabriel metsu homme ecrivant lettre](https://media.paperblog.fr/i/399/3999984/2011-face-tumultes-monde-L-68rcMM.jpeg)
Gabriël Metsu (Leyde, 1629-Amsterdam, 1667),
Jeune homme écrivant une lettre, c.1664/6.
Huile sur bois, 52 x 40,5 cm,
Dublin, National Gallery of Ireland.
2010 aura été, pour beaucoup d’entre nous, une année difficile, et je ne veux pas commencer ce traditionnel billet de Nouvel An sans adresser une pensée particulière aux lecteurs et amis qu’elle a cruellement éprouvés et les assurer de mon affection. 2011 s’annonce riche en événements de toute sorte et, sans être grand clerc, il y a fort à parier que, du moins en France, elle va être placée sous le signe de l’accélération du temps et de l’accroissement de manœuvres rarement reluisantes, une importante échéance électorale se dessinant au printemps 2012. Quelques vilenies récentes, englouties, comme tant d’autres choses, par l’hystérie consumériste des fêtes de fin d’année, attestent déjà de la hauteur des débats à venir.
Pour l’observateur de la vie culturelle que je m’efforce d’être, 2010 aura représenté un pas de plus vers une certaine standardisation du goût, tendance largement relayée, pour ne pas dire encouragée, par les médias généralistes et les réseaux sociaux. Quitte à passer, une fois encore, pour antédiluvien et grincheux, j’avoue être assez effaré par la propension de bien des gens à se laisser berner par un jeu sur les apparences savamment orchestré qui tend à tenir de plus en plus lieu de vision et dont le seul but est de mieux vendre tel chanteur à la voix d’ange, tel ensemble qui a si bien compris la musique baroque que les outrages qu’il lui fait subir feraient hurler s’ils étaient appliqués à Mozart ou Beethoven (mais Monteverdi, ce n’est pas si grave, a priori), tels faiseurs d’objets en plastique, fleuris ou non, dont le seul mérite est de pouvoir être, lois du marché obligent, accrochés à Versailles, bref tout un troupeau d’habiles poseurs, grands camelots du vent. De tels procédés imposent, plus que jamais, un nécessaire recul. Je ne prétends pas, bien entendu, que « c’était mieux avant » et que de telles supercheries sont d’invention récente ; ce serait mentir. Ce que je dis, en revanche, c’est que la force de frappe des nouveaux moyens de communication est telle que quelques avis « autorisés », sous réserve qu’ils soient correctement relayés, entraînent après eux une très large et souvent moutonnante opinion face à laquelle il fait de moins en moins bon, aujourd’hui, d’exprimer son désaccord. Combien de fois me suis-je fait tancer, amicalement ou plus rudement, lorsque j’ai émis des réserves sur l’opéramanie galopante des mélomanes ou l’italianocentrisme forcené en Histoire de l’Art, deux tendances qui participent largement, parmi d’autres, à l’uniformisation dont je parlais plus haut ?
En ce premier jour d’une année qui sera certainement riche en programmes qui promettront, plus ou moins fallacieusement, de changer la vie, celui de Passée des Arts, bien plus modeste, restera immuable : vous accompagner, vous qui me faites l’honneur de me lire, sur les chemins de la découverte ou de la redécouverte de fragments de notre histoire qui méritent mieux que la marchandisation ou l’oubli.
A toutes et à tous, ainsi qu’à ceux qui vous sont chers, je souhaite le meilleur pour 2011.
Accompagnement musical :
Johann Philipp Krieger (1649-1725), Ich will in Friede fahren, air sacré pour voix, basses de viole et continuo en ut mineur (1684)
Franz Vitzthum, contre-ténor
Les Escapades