"Ils ont tant aimé la France" in "Le Spectacle du Monde" de décembre 2010

Publié le 01 janvier 2011 par Francisrichard @francisrichard

Dans sa dernière livraison, de décembre 2010, la revue Le Spectacle du Monde a ici fait un magnifique cadeau de fin d'année à ses lecteurs : la moitié du numéro est consacrée à un certain nombre de ceux qui ont tant aimé la France qu'ils ont su, chacun à leur manière, trouver les mots justes pour exprimer cet amour, dans une langue superbe. J'ai terminé 2010 en les lisant, en en faisant mon miel et en me réjouissant de leur diversité, susceptible de combler les goûts et les couleurs de tous ceux qui partagent cet amour de la France à un degré ou à un autre.

La liste de ces amoureux est impressionnante. Jugez plutôt : Raymond Bourgine, fondateur de la revue, Charles d'Orléans, Joachim du Bellay, Antoine de Rivarol, François René de Chateaubriand, Alfred de Musset, Victor Hugo, Auguste de Villiers de l'Isle-Adam, Ernest Renan, Alphonse Daudet, Jean Jaurès, Charles Péguy, Pierre Drieu la Rochelle, Georges Bernanos, Louis Aragon, Sacha Guitry, Charles de GaulleFrançois Mitterrand, Jean Cau, André Malraux, Alexandre Soljénitsyne, Denis Tillinac, Frédéric Beigbeder.

En ce début de 2011 j'aurais bien voulu partager avec mes lecteurs toute la joie que m'ont procuré les uns et les autres, sans distinction, quelle que soit leur sensibilité. C'était bien sûr mission impossible. Il fallait faire un choix, plus ou moins heureux, comme dans la vie. Alors j'ai choisi trois courtes citations, extraites de ce florilège, qui illustrent ce que je m'efforce d'être avec ce blog, où je me suis collé moi-même trois étiquettes, celles de catholique, de national et de libéral, parce qu'on n'est jamais si bien servi que par soi-même, même si je n'en mérite aucune...

Pour l'étiquette de catholique je fais appel à mon cher Georges Bernanos, auquel me relie mon cher Roger Nimier, qui le qualifiait de Grand d'Espagne :

"Il n'y a pas d'honneur à être français, nulle gloriole. Et qu'on me permette une fois de le dire, dans le même sens : il n'y a pas d'honneur à être chrétien. Nous n'avons pas choisi. "Je suis chrétien, révérez-moi", s'écrient les princes de prêtres, les scribes et les pharisiens. Il faudrait dire plutôt dire humblement : "Je suis chrétien, priez pour moi !" Nous n'avons pas choisi." [Nous autres Français, Gallimard, 1939] 

Pour l'étiquette de national je fais appel à Ernest Renan, auquel me relie la lecture sans cesse éblouie de son neveu, Ernest Psichari :

"Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis." [Conférence à la Sorbonne, le 11 mars 1882]

Pour l'étiquette de libéral je fais appel à Alexandre Soljenitsyne, auquel me relie ma rencontre avec son ami Dimitri Panine, le Sologdine du Premier Cercle, le lendemain de son expulsion d'URSS en 1974, et qui souligne le caractère "intrinsèquement contradictoire et irréalisable" de la devise révolutionnaire de la France :

"Dans la vie sociale, liberté et égalité tendent à s'exclure mutuellement, sont antagoniques l'une de l'autre ! La liberté détruit l'égalité sociale - c'est même l'un des rôles de la liberté -, tandis que l'égalité restreint la liberté, car, sinon, on ne saurait y parvenir. Quant à la fraternité, elle n'est pas de leur famille." [Les Lucs-sur-Boulogne (Vendée), 25 septembre 1993]

A ces trois citations j'en ajoute une à l'attention des Suisses qui se pâment devant l'Union européenne. Elle est de Jean Cau, qu'irritait viscéralement la colonisation culturelle et matérielle de l'Amérique :

"Ne pas vivre en soi l'Amérique, c'est se replier, refuser de progresser et de participer à l'âme du monde. C'est être provincial, hors du coup, grincheux, réactionnaire dans ses idées et ses comportements. C'est être l'accident qui se révolte contre la substance, la conscience étriquée, qui refuse de s'immerger dans l'esprit universel, l'imbécile athée qui doute de la fatale parousie." [Pourquoi la France, La Table Ronde, 1975]

En ce début de 2011, puissent ces citations inviter à la méditation mes chers lecteurs, que je remercie vivement pour leur mansuétude à mon égard ... et pour leur fidélité. 

Francis Richard