Le premier cadeau de Noël, c’est bien sûr l’annonce de la Bonne Nouvelle. Mais, depuis le XVIe siècle dans certaines régions, depuis le début du XXe siècle seulement dans d’autres, on a coutume d’offrir des présents aux enfants. D’abord des fruits secs, des pommes, des pruneaux, des fleurs séchées… maintenant des jouets en surnombre. Une caractéristique permanente : l’anonymat du donateur. En quelque sorte tombés du ciel, les cadeaux sont attribués selon les régions du monde à des personnages plus magiques les uns que les autres…
Saint Nicolas
Saint Nicolas est le plus ancien père Noël. Dans le nord et l’est de la France mais aussi en Belgique, aux Pays-Bas, en Espagne, en Allemagne, en Autriche, aux Etats-Unis…, il a été le premier à distribuer de menus présents aux enfants, le 6 décembre. Dans les représentations populaires, il est coiffé d’une mitre, parfois chaudement vêtu d’un manteau rouge et violet et portant la barbe, à l’instar de celui qui va lui succéder : le père Noël. Il reçoit aussi les requêtes des enfants, oralement ou par écrit.
Le Christkindl, les anges et les Rois mages
En Alsace et en Allemagne, la Réforme écarta le bon saint Nicolas pour le remplacer par l’Enfant Jésus (Christkindl) dans l’imaginaire de Noël. Un Jésus déjà grandi, décrit comme un enfant de huit ans (il fallait qu’il ait la force d’apporter des cadeaux !), parfois aidé par des anges ou par une « Dame de Noël ».
Au Mexique, on trouve la même idée, mais Jésus n’est pas seul, tout le monde s’y met ! On affirme aux enfants que c’est à la fois Jésus, Marie, Joseph, les trois Rois mages, les bergers et les anges, pas moins, qui assurent la distribution !
En Espagne, les cadeaux n’étaient distribués autrefois que le soir de l’Épiphanie (6 janvier) par les Rois mages eux-mêmes.
La Befana et Babouchka
En Italie, le mot Befana signifie Épiphanie, mais il désigne aussi, selon la tradition, une vieille femme arrivée trop tard à la crèche pour adorer le Christ et qui distribuerait depuis cette date des cadeaux aux enfants, parce qu’elle trouve un peu de Jésus dans chacun d’eux. Elle ne passe pas à Noël mais la nuit du 5 au 6 janvier, et se glisse par la cheminée pour laisser ses présents dans les chaussons des petits.
En Russie, même genre de légende : la vieille Babouchka avait laissé partir les rois mages sans vouloir les suivre. Prise de remords, elle était finalement partie à leur recherche, mais n’avait jamais réussi à trouver la crèche de l’Enfant Jésus. Depuis, elle continuait sa quête de maison en maison, en y laissant des cadeaux le jour de Noël.
Des auxiliaires divers…
Tante Arie
En Languedoc, en Bourgogne et en Franche-Comté, c’est la bûche de Noël elle-même qui apporte les cadeaux : elle a souvent été creusée pour les recevoir et les enfants doivent la frapper jusqu’à ce que saute le bouchon qui maintenait les présents cachés.
Dans une partie de la Franche-Comté, les surprises étaient apportées, disait-on, par la Tante Arie. La tradition la décrivait comme une dame bien vieille avec un visage jeune et des pattes d’oie en guise de pieds. Tout emmitouflée, elle faisait le tour du pays, un bâton dans une main, accompagnée d’un âne chargé de tous les jouets et de toutes les friandises qu’il lui fallait distribuer.
Dans le Berry, c’est un enfant, « le petit Naulet », qui assurait la distribution.
En Savoie et en Suisse, c’était un vieux bonhomme, le père Chalande, qui passait, ou bien, dans le canton de Neuchâtel, des « fées de Noël ». En Suède, dans une partie des pays germaniques et en Catalogne espagnole, sainte Lucie (dont la fête est le 13 décembre) joue le même rôle. Saint Nicolas et sainte Catherine l’accompagnent parfois.
Le père Noël
Inventé dans les années 1820 aux États-Unis, le père Noël a remplacé progressivement, dans l’imaginaire enfantin, les autres pourvoyeurs de cadeaux. En France, il fait quelques timides apparitions pendant l’Entre-Deux-Guerres, mais il s’implante surtout après la Seconde Guerre mondiale. Le prestige des Américains, qui ont participé au Débarquement et à la Libération, y est pour beaucoup, ainsi que le succès de la chanson de Tino Rossi, Mon petit papa Noël, en 1949. Le père Noël est aujourd’hui aussi universel que la fête de Noël, et sa physionomie converge dans tous les pays du monde vers la barbe blanche et les habits rouges...
Texte : Marie-Odile Mergnac auteure du livre "les Noël d'autrefois". via Orange.fr
Merveilleuse Année 2011 à tous !!