Laminée sur le plan moral et sportif après le Mondial-2010, l'équipe de France est en train petit à petit de renaître grâce à Laurent Blanc, chargé de tourner cette page douloureuse et de tirer un trait définitif sur les errements de l'ère Domenech.
Cinq mois à peine après sa nomination, le sélectionneur peut déjà se dire qu'il a pacifié et remis dans le sens de la marche une formation en lambeaux après l'épisode sud-africain. En tête de son groupe de qualifications pour l'Euro-2012, vainqueur en amical du vieux rival anglais dans son temple de Wembley (2-1), le 17 novembre, la France a relevé la tête après une Coupe du monde qui lui a fait perdre une grande partie de son crédit.
Un nouveau groupe est bel et bien en train de naître, un savant mélange de rescapés du Mondial, de "bannis" relancés (Nasri, Benzema, Mexès) et de jeunes.
Cadre éminent de la génération dorée, championne du monde (1998) et d'Europe (2000), Blanc était d'une certaine manière prédestiné à occuper un jour le poste de patron des Bleus. Encore fallait-il trouver le bon timing.
En 2004, le +Président+ avait fait une première fois acte de candidature mais les dirigeants de la Fédération française de football (FFF) l'avaient jugé trop inexpérimenté et avaient opté pour la promotion interne, Domenech, entraîneur des Espoirs, remplaçant Jacques Santini.
Le fiasco de l'Euro-2008 (élimination au 1er tour) n'avait pas non plus modifié la ligne de conduite des dirigeants fédéraux et Blanc s'était alors résolu à rester à Bordeaux, remportant en 2009 un titre de champion de France.
Cette récompense a fini par légitimer la position de l'ancien défenseur des Bleus pour succéder à Raymond Domenech, dont le contrat de sélectionneur se terminait quoi qu'il arrive après la Coupe du monde 2010.
Mais si Blanc a longtemps rêvé du poste, il ne s'attendait sûrement pas à débarquer dans un véritable champ de ruines, le groupe France ayant explosé en vol après les insultes d'Anelka à Domenech et la grève de l'entraînement du 20 juin. Lors de sa prise de fonctions, le nouveau sélectionneur avouera d'ailleurs d'emblée sa préoccupation devant l'ampleur du chantier de reconstruction.
"Après ce qui s'est passé, le noyau, ce n'est même pas le pépin d'un melon", déclare-t-il le 6 juillet.
Blanc refuse pourtant d'apparaître comme le "Père Fouettard" et décide d'une sanction symbolique: ne pas faire appel aux 23 du Mondial pour son premier match en Norvège.
"Je ne veux bannir personne par rapport à ce qui s'est passé en Afrique du Sud, même si je le regrette et ne le cautionne pas du tout, déclare-t-il à l'AFP, le 19 octobre. Mes choix sont sportifs, point".
Sa démarche sera toutefois contrecarrée par les suspensions infligées à Anelka ainsi qu'aux meneurs de la fronde (Evra, Ribéry, Toulalan), seul Abidal échappant à toute punition de la part de la commission de discipline de la FFF.
Autre héritage du cauchemar sud-africain: la polémique sur les primes de droit à l'image du Mondial, auxquelles les 23 finiront par renoncer.
"Je pensais que ce problème était réglé, apparemment il ne l'est pas. J'invite les joueurs à respecter la parole qu'ils ont donnée. Essayons d'oublier ce qui s'est passé en Afrique du Sud, essayons de régler ce problème là au plus vite", affirme-t-il en apprenant l'affaire.