En salles : Que faire entre la dinde de Noël et la galette de l’Epiphanie ? Et si vous alliez voir deux petits films français bien sympathiques ? Vous reprendrez bien un ou deux petits chocolats en sirotant quelques coupes de champagnes ?
D’un côté, Les Emotifs Anonymes de Jean-Pierre Améris ou comment lutter contre sa vraie nature, timidité maladive, peur de tout et surtout de vivre. De l’autre, De Vrais Mensonges de Pierre Salvadori ou comment sortir du pétrin sains et saufs quand on est la reine des entremetteuses ou le roi des sentiments inavoués et bafoués.
Dans Les Emotifs Anonymes, Jean-René (Benoît Poelvoorde), terrorisé de la vie, panique dès que le téléphone sonne ou qu’il doit s’adresser à une femme. Il voit son univers bouleversé par l’ingénue Angélique (Isabelle Carré), jeune et talentueuse chocolatière. Elle-même s’évanouit au moindre compliment et préfère survivre dans l’anonymat plutôt que de décliner son identité de virtuose du chocolat.
Le bonheur par A+B
Dans De Vrais Mensonges, Emilie (Audrey Tautou), passe son temps à mentir et à se défiler. Elle désire tellement faire le bonheur de sa mère qu’elle s’enfonce lâchement dans les malentendus et en oublie son propre bonheur. Face à elle, Jean (Sami Bouajila) préfère, tel Cyrano en son temps, lui écrire une unique lettre d’amour passionnée, lui déclarant ainsi ses "sentiments anonymes" et renoncer à déclarer sa flamme ouvertement plutôt que d’être éconduit !
Mais qu’est ce qu’ils ont tous à avoir peur d’aimer ? Car c’est bien là le nœud du problème. Toujours cette hantise d’être ridicule ou maladroit. Le refus d’aimer l’autre, lutter contre cette évidence que l’on a enfin trouvé chaussure à son pied. Mais c’est quoi ces gens qui se planquent et ont peur de tout ? La peur de l’échec serait-elle si grande qu’ils préfèrent renoncer et se planquer ? Alors que de nos jours, il est si facile de parler de sentiments sur Internet via d’innombrables sites de rencontres et communautés à n’en plus finir, voilà deux scénarios qui prouvent par A+B que le bonheur est à portée de mains. Encore faut-il oser braver l’inconnu et laisser tomber le masque. Du courage, que diable !
On tremble, on se réjouit
Entre les deux, mon cœur balance pour Les Emotifs Anonymes, dont la mise en scène n’est pas sans rappeler une jolie comédie à la Jacques Demy. De l’amour, de l’humour et de la chansonnette. Des costumes décalés, des couleurs vives, un brin de vintage et un soupçon d’innocence. Isabelle Carré parle de chocolat avec passion et suavité. On se laisse totalement séduire par cette dégustation qui réveille nos papilles.
Audrey Tautou n’est pas mal non plus dans le genre "grands yeux écarquillés, c’est pas de ma faute à moi !". L’univers du film replonge l’actrice au centre d’un salon de beauté. C’est dans le film Vénus Beauté de Tonie Marshall que l’actrice a été révélée en 1998. Nathalie Baye, radieuse en femme désespérée, interprète une mère tour à tour drôle et pathétique. Mention spéciale à Judith Chémla, une employée très stressée par sa patronne et qui inspire pitié et compassion avec beaucoup de drôlerie.
Car, enfin, ces comédies amoureuses où les personnages se noient dans leurs mensonges et leurs gênes maladives, nous font sourire et pleurer. On tremble pour eux, on les plaint et on se réjouit de leurs audaces. Rien de bien original dans le thème des sentiments cachés, Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac) et Ernst Lubitsch (The Shop around the corner) sont passés par là il y a déjà longtemps, mais cela prouve bien que cela marche encore et qu’on ne s’en lasse pas.
Mrs Peel