J’aime l’haleine quand il gèle (Ossip Mandelstam)

Par Arbrealettres


J’aime l’haleine quand il gèle,
L’hiver l’aveu léger de la buée :
Ici le je, et là-bas le réel.

Un gamin aux pommettes rouges
S’est élancé tête baissée
Seigneur et tyran de sa luge.

Et moi, parlant avec le monde, avec la liberté,
Je cède à la contagion du traîneau
Dans les franges, les parenthèses argentées,

Et le siècle plus léger que l’écureuil tomberait,
Plus léger que l’écureuil au bord moelleux du ruisseau,
Avec un demi-ciel dans les feutres, dans les jambes !

(Ossip Mandelstam)